Actualités 26 septembre 2014

Le Maine fourmille de marchés d’hiver

marche

Par Denis Lord – Samedi 12 février 2011. Quelques centaines de personnes effectuent leurs emplettes dans un vieux moulin non chauffé de Biddeford, état du Maine. Des oeufs, des produits laitiers, des plantes médicinales, bien d’autres choses encore, alors que des musiciens locaux chauffent la baraque. Biddeford est le 25e marché d’hiver à ouvrir ses portes, dans un état d’environ 1,5 million d’habitants. Anatomie d’une tendance.

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Dans le Maine, les marchés d’agriculteurs se multiplient. Ils seraient passés de 80 à 104 depuis 2008, et en janvier dernier, plusieurs d’entre eux se sont regroupés sous la bannière de la Maine Federation of Farmer’s Market (MFFM), qui dormait depuis 1997. Selon Judy Blaisdell, du Maine Departement of Agriculture, il existe un lien très clair entre l’augmentation du nombre de marchés et la tendance à l’achat local. «Les gens comprennent de plus en plus l’importance de soutenir l’économie locale, tout comme celle d’une alimentation saine, explique-t-elle. Les municipalités et les communautés s’impliquent beaucoup.» Exemple? Dans au moins deux villes du Maine, des cliniques médicales supportent le marché local, en donnant à leurs patients des tickets de 5 $ de nourriture qu’ils peuvent dépenser dans ce marché. Des activités éducatives sont également organisées avec les écoles. Pour Judy Blaisdell, il s’agit d’une véritable résurrection pour les marchés d’agriculteurs, d’une avenue pour les aider à garder leur ferme et faire vivre leur famille.

Et l’hiver…

Le phénomène de l’achat local contribue également à la prolongation de ces marchés durant l’hiver. Selon Deanna Weaver, qui est l’instigatrice de celui de Biddeford, 900 marchés américains ont épousé cette tendance depuis un ou deux ans. Le Maine, pourtant l’un des états les plus froids et enneigés des États-Unis, s’inscrit dans cette mouvance.

Le modus operandi est fort variable, tant en termes de lieux, de coûts et de jours d’ouverture. À Orono par exemple, le marché d’hiver succède aux autres saisons dans un stationnement du centre-ville, non chauffé, deux samedis avant-midi par mois. Quinze des 28 membres réguliers y vendent, durant la saison froide, porc et volaille, pain et oeufs, produits laitiers et légumes racines. On retrouve au Maine d’autres marchés extérieurs non chauffés, mais plus généralement, il s’agit de sites intérieurs : serres, granges, moulins, et même, à Gardiner, une église.

D’après Judy Blaisdell, les trois quarts des 104 marchés d’agriculteurs du Maine songent à opérer l’hiver ou le font déjà. «Le problème consiste à trouver un toit, explique-t-elle, parce que la plupart des marchés sont situés à l’extérieur durant les autres saisons.»

Quoi qu’il en soit, le support de la communauté demeure la pierre de touche d’un marché d’agriculteurs, et la présence sur quatre saisons approfondit le lien unissant consommateurs et producteurs. «La réponse de la communauté a de loin dépassé mes attentes, constate Deanna Weaver, qui fabrique des biscuits et des tartes. Les marchés d’été m’ont évité une faillite et ceux d’hiver, je crois, me permettront de croître.» Le Québec, selon Deanna Weaver, n’est pas tellement différent du Maine, et pourrait bénéficier de l’émergence des marchés d’hiver.

Ormstown, Qc, précurseur

Au Québec, on retrouve très peu de marchés hivernaux d’agriculteurs hors des centres urbains. Exception notable, le Haut-Saint-Laurent. C’est là, à Ormstown, que se tenait le 13 février dernier la 4e édition du marché d’hiver. Différence notable : cette année, les organisateurs du Marché Fermier de Huntingdon et ceux de Ormstown s’étaient associés pour alléger leurs tâches et partager les frais. Un grand succès, laissant présager une collaboration accrue.

«Ça a été notre record de vente depuis 2007, s’enthousiasme Sylvain Gascon, producteur de veaux de lait, membre du conseil d’administration du Marché Fermier de Huntingdon. À 11 h, la boulangerie n’avait plus de baguette! Quelque 325 visiteurs, ça paraît peu, mais c’était des gens qui achetaient. Ici, l’achat local, ce n’est pas juste un slogan!»

Prochain rendez-vous : 14 mars, à la salle paroissiale de Huntingdon.