Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Il suffit de mettre les pieds à la quincaillerie pour constater que le prix des colombages (les bons vieux 2 x 4) et des contreplaqués frise la démesure, une situation qui fait rager les producteurs de bois en forêt privée qui reçoivent des miettes de cette hausse. C’est le cas de Robert Poulin. « On est payés 500 $ du 1 000 pieds et les scieries le revendent plus de 1 100 $. En plus, c’est moi qui dois payer le transport du bois. On fait rire de nous autres. Il faudrait que les scieries nous donnent au moins un morceau du gâteau », revendique le producteur forestier de Saint-Théophile, dans Chaudière-Appalaches.
Le président de la Fédération des producteurs forestiers du Québec (FPFQ), Pierre-Maurice Gagnon, abonde dans le même sens. « Ça n’a pas de bon sens, je le dénonce : les scieries font exprès pour s’approvisionner en forêt publique, car le gouvernement n’a pas haussé les droits de coupe. Et elles s’organisent pour maintenir les prix bas de ce qu’elles achètent en forêt privée », affirme M. Gagnon.
Il faut savoir que dans quelques régions du Québec, les producteurs de bois se sont regroupés pour négocier collectivement le prix du bois de sciage. Certains contrats ont été signés sans savoir évidemment qu’il y aurait une hausse exceptionnelle. Un contrat demeure un contrat et il faut le respecter, dit M. Gagnon. Par contre, d’autres régions comme l’Estrie et la Beauce n’ont pas de prix négocié collectivement et il estime que les producteurs devraient se tenir pour forcer les acheteurs à leur faire bénéficier des hausses actuelles.
Une opportunité pour les scieries
Les grandes scieries engrangent des bénéfices indéniables. Résolu, par exemple, dans son rapport du quatrième trimestre, affiche pour l’exercice 2020 un bénéfice d’exploitation de 276 M$, uniquement pour ses produits du bois, comparativement à une perte d’exploitation de 6 M$ pour la même période en 2019. Même les petites scieries profitent de cette conjoncture. En Montérégie, le propriétaire de la Scierie Mario Chaume vend son bois près du double du prix par rapport à l’an dernier, sans toutefois payer ses billots beaucoup plus cher aux producteurs. C’est une question d’offre et de demande, car les clients appellent l’un après l’autre, alors les affaires sont bonnes ces temps-ci, reconnaît-il. « On reçoit 50 à 60 appels par jour; c’est fou, fou, fou. L’opportunité est là et on la prend. »
M. Chaume rappelle cependant que la situation n’a pas toujours été ainsi. Il a connu des années de vaches maigres où il payait les billots aux producteurs 300 $ du 1 000 pieds, les sciait pour un coût d’environ 200 $ et revendait le bois à 370 $ le mille. « On roulait à perte sur certains items », précise-t-il.
La pruche et le bois dur épargnés À Saint-Félix-de-Valois, dans Lanaudière, Serge Desroches dit que le prix de la pruche, du cèdre et des bois durs, qui ne sont pas considérés comme du bois d’œuvre, a augmenté, mais pas autant que celui du sapin et de l’épinette servant à la construction. Justement, les clients viennent chez Les bois Desroches pour acheter de la pruche au lieu de l’épinette hors de prix. « On est rendu à la mi-août dans nos commandes. Je le déconseille formellement aux clients, mais certains viennent acheter des 2 x 4 de pruche pour se bâtir », indique M. Desroches. Celui-ci prend sa pruche uniquement des États-Unis, car il estime qu’elle y est de meilleure qualité. À ce sujet, il insiste pour dire qu’il ne prélève pas de marge supplémentaire dans les circonstances. Il a simplement augmenté ses prix à la suite des trois augmentations récentes de ses fournisseurs, sans plus. |