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Pascal Cadieux a doté sa ferme laitière Jorica, située à Rigaud en Montérégie, de la fine pointe de la technologie. Il attend toutefois que la fibre optique soit déployée dans son rang afin d’en profiter au maximum. « On m’a dit qu’avec la fibre, c’était le jour et la nuit. Là, je suis dans la nuit », image-t-il.
L’agriculteur doit souvent redémarrer son système pour qu’Internet fonctionne. Parfois, les images des caméras installées dans sa ferme figent. Il ajoute que pour le côté divertissement aussi la fibre apportera une amélioration importante. « On a l’impression d’être dans l’ancien temps avec la technologie qu’on a », soutient M. Cadieux.
Ce dernier n’est pas le seul agriculteur du Québec dans cette situation. Le gouvernement est bien au fait du problème. « L’accès à des services Internet haute vitesse fiables et abordables est essentiel pour le fonctionnement et la compétitivité des entreprises agricoles. Nous en sommes bien conscients », soutient le cabinet du premier ministre du Québec.
Ces difficultés devraient être chose du passé à l’automne 2022. C’est la date que s’est fixée le gouvernement pour que l’ensemble du territoire soit branché. Gilles Bélanger, qui a été nommé adjoint parlementaire du premier ministre en matière d’Internet haute vitesse en décembre, affirme avoir la volonté de brancher 15 000 foyers par mois pour y parvenir. Actuellement, environ 100 000 foyers de la province ne sont pas couverts par un projet. Le cabinet du premier ministre assure travailler à des mesures pour les brancher également.
Des problèmes récurrents
Divers problèmes font en sorte que le déploiement tarde depuis plusieurs années. Les principaux sont l’accès aux poteaux et l’état de ceux-ci. La coop CSUR, qui œuvre dans les télécommunications depuis 15 ans, a reçu une subvention pour poursuivre le déploiement de la fibre optique dans la région du Suroît, dans le sud-ouest de la Montérégie. Bianka Dupaul, la directrice générale, souligne que le projet est bloqué par des demandes d’autorisation pour avoir accès aux poteaux qui n’aboutissent pas, bien que des mesures d’allégement aient été annoncées en 2020.
Les requêtes doivent être faites auprès des propriétaires de parcs de poteaux, qui sont souvent Bell ou Hydro-Québec. Il arrive que des travaux, toujours aux frais du demandeur, doivent être effectués sur un poteau avant de pouvoir y installer la fibre optique.
Mme Dupaul déplore l’aspect anticoncurrentiel de cette pratique. « Si on pouvait demander directement au CRTC [Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes], ce serait plus neutre. Il pourrait aussi demander des comptes aux propriétaires pour maintenir le réseau en bon état. Ce serait plus sein comme relation », affirme-t-elle.
Des actions
Le CRTC mène d’ailleurs une consultation depuis quelques mois dans le but de mettre en place des mesures réglementaires qui amélioreront l’efficacité de l’accès aux poteaux. En mai, une table de coordination pour faciliter la réalisation de projets d’accès à Internet haute vitesse a été créée. Des représentants de Bell, d’Hydro-Québec, de Telus et du ministère de l’Économie et de l’Innovation y siègent et rencontrent des fournisseurs de services Internet afin de dénouer les impasses avant l’obtention des permis.
Bell a aussi annoncé à la mi-décembre un plan d’action pour simplifier le processus encadrant les demandes d’accès aux infrastructures aériennes par d’autres fournisseurs de services au Québec. Les demandeurs pourront notamment effectuer les travaux dès que leurs ingénieurs auront confirmé que les standards de sécurité sont respectés.