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Avec les ventes records de sirop, l’industrie de l’érable a le vent dans les voiles, et à la veille de cette nouvelle saison des sucres, la fébrilité et les attentes des producteurs semblent plus élevées que jamais
Grâce à de l’équipement plus performant et à des techniques plus efficaces, plusieurs acériculteurs espèrent des rendements de 5 lb à l’entaille et même plus. Fidèle à son habitude, La Terre suivra la saison des sucres de cinq acériculteurs situés dans différentes régions de la province.
Mathieu Audy, Laurentides
Début de l’entaillage : mi-janvier
Objectif de rendement : 4,25 lb/entaille
Après deux premières saisons difficiles, Mathieu Audy espère savourer un temps des sucres sans anicroche et avec de très bons rendements. Il dit que l’acériculture n’est plus ce qu’elle était il y a 15 ans alors que les rendements s’établissaient à environ 2,5 lb à l’entaille. « Aujourd’hui, il y a une pression à performer plus. Et c’est normal quand c’est rendu ton principal revenu. Je suis membre d’un club de gestion et l’an passé, ma conseillère nous sortait les scores de chacun chaque semaine. Les meilleurs ont fait 5 lb à l’entaille et moi 4. C’est sûr que j’ai l’espoir de faire aussi bien qu’eux », confie celui qui exploite 25 000 entailles en terres publiques à Sainte-Véronique. Mathieu Audy ajoute que ses deux premières saisons n’ont pas été de tout repos. « J’ai eu plein de problèmes l’an dernier : mon osmose neuve a brisé trois fois, le compresseur de ma pompe a sauté, etc. Cette année, j’aimerais que tout se passe bien et que le sirop sorte », témoigne-t-il.
Donald Ouellette, Bas-Saint-Laurent
Début de l’entaillage : mi-janvier
Objectif de rendement : 5 lb/entaille
Donald Ouellette (à gauche sur la photo) terminait d’entailler lorsque La Terre l’a contacté. Particularité cette année : « On n’a pas de neige! », dit l’acériculteur, qui en profite pour entailler plus bas afin de disperser davantage les trous sur l’arbre. À la barre d’une exploitation de 75 000 entailles en terres publiques, à Saint-Michel-du-Squatec, l’homme de 70 ans a investi dans des pompes à haut vacuum et il a informatisé les activités de son érablière, notamment en installant 300 capteurs de fuite. Après une très bonne récolte en 2020, il s’attend à des rendements semblables ou peut-être même meilleurs, c’est-à-dire de plus de 5 lb à l’entaille. Son érablière est équipée d’un système de concentration membranaire qui concentre l’eau d’érable à 28 ºBrix et d’un évaporateur aux granules. « Ici, un avantage énorme : nous n’avons aucun transport d’eau. Toute l’eau arrive directement à la cabane », dit l’acériculteur qui est présentement en train de transférer la majorité de son entreprise à ses enfants.
Megan Giguère, Montérégie
Début de l’entaillage : 20 janvier
Objectif de rendement : 4,25 lb/entaille
Megan Giguère est devenue acéricultrice il y a trois ans lors de l’achat d’une sucrerie avec son père. Depuis, elle se donne pour objectif d’apprendre et de toujours améliorer l’érablière de 8 500 entailles située à Sainte-Christine, en Montérégie. « Il y a beaucoup de travail à faire. L’ancien propriétaire n’avait pas effectué de travaux d’aménagement. Et la tubulure avait été mal installée avec des sections à contre-gravité. Cette année, nous avons refait un sixième de la tubulure et on veut faire le tour », explique Mme Giguère, qui étudie à l’Université Laval pour devenir ingénieure forestière. Comme autre amélioration pour 2021, l’entreprise a acquis de nouveaux relâcheurs plus efficaces. L’érablière mise sur un évaporateur à l’huile de 4 pieds sur 14 pieds et une osmose inversée qui concentre la sève à 18 ºBrix.
Michaël Gagné, Chaudière-Appalaches
Début de l’entaillage : 14 décembre
Objectif de rendement : 6 lb/entaille
Michaël Gagné a déjà produit quatre barils de sirop depuis ses premiers travaux d’entaillage en décembre. Cette année, il a amélioré la tubulure et augmente ainsi son objectif de rendement à 6 lb à l’entaille. L’entaillage a bien été et le faible couvert de neige lui a permis d’appliquer une nouvelle technique, celle d’entailler à l’aide d’une échelle, à 4 mètres de hauteur. « Ça nous a pris 30 % plus de temps, mais je crois que c’est bon pour garder les érables en santé [de varier l’emplacement des entailles sur l’arbre] et éviter la compartimentation du bois », explique celui qui est copropriétaire de 35 000 entailles avec sa conjointe à Saint-Jacques-de-Leeds. L’acériculteur recueille la sève sur quatre sites, la concentre à 22 ºBrix et la transporte ensuite à son centre de bouillage situé à une vingtaine de kilomètres. L’endroit est équipé d’un évaporateur électrique mesurant 8 pieds sur 14 pieds.
Karine Douville, Capitale-Nationale
Début de l’entaillage : 4 janvier
Objectif de rendement : 5 lb/entaille
Propriétaire d’une érablière de 32 000 entailles à Saint-Ubalde et gestionnaire de l’érablière familiale qui en compte 80 000 au total, Karine Douville hausse cette année son objectif de rendement. « On fait habituellement 4 lb à l’entaille, mais je crois qu’on peut atteindre 5 lb cette année », analyse-t-elle, considérant certaines améliorations sur les maîtres lignes notamment. Environ 250 capteurs de fuite ont été installés en forêt et permettent aux employés de maintenir l’étanchéité du réseau de tubulure avec plus d’efficacité. L’entaillage a révélé quelques surprises, comme de grands secteurs où les écureuils ont mangé chalumeaux et tubulure. De plus, l’écorce de 10 érables a été dévorée par des porcs-épics. « Les animaux se sont gâtés », dit-elle avec humour. Mme Douville achemine l’eau des érables vers un centre de bouillage collectif qui traite l’eau de 130 000 entailles. L’un des concentrateurs amène la sève à 33 ºBrix. Les deux évaporateurs, alimentés au bois, mesurent 6 pieds sur 16 pieds et 6 pieds sur 18 pieds.