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LORRAINVILLE – Au Témiscamingue, la municipalité de Lorrainville est sur le point d’entreprendre le recrutement de quatre promoteurs de microentreprises agricoles. Cet appel de candidatures survient un an et demi après que cette localité eut obtenu l’autorisation de la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) pour morceler un lot en petites terres.
Lorrainville a fait preuve de beaucoup de ténacité dans ce dossier. À sa troisième tentative, elle a réussi, en septembre 2019, à se faire autoriser le morcellement d’une superficie de 40 hectares, soit quatre parcelles de 10 hectares (25 acres) pour développer des projets agricoles à petite échelle. « On a réussi, mais avec la moitié du projet. Au départ, on proposait huit terrains et la CPTAQ en a accepté quatre », indique le maire Simon Gélinas. Séparé par un esker, le lot morcelé n’était pas propice à l’agriculture de grande échelle.
La municipalité et la MRC de Témiscamingue ont l’intention de faciliter la vie aux futures entreprises qui viendront s’implanter. « On veut appuyer les gens qui vont s’embarquer et qu’ils réussissent », affirme M. Gélinas. En 2020, sa municipalité a investi 103 000 $ pour construire un chemin qui donnera accès aux différents terrains qui seront vendus 1 000 $ l’acre, donc 25 000 $. « Le but, c’est d’offrir des terres abordables », mentionne le maire.
En février, la MRC a quant à elle entrepris des démarches avec la Société de développement du Témiscamingue pour embaucher un agronome. Celui-ci aura pour fonction d’accompagner les producteurs dans leur projet. « On va aussi soutenir la promotion des activités des petites terres. On va aussi contribuer à du financement pour faciliter la mise en marché », donne en exemple la préfète Claire Bolduc.
L’appel de candidatures pour les quatre premiers projets qui pourront exploiter les petites terres sera lancé au printemps. Tout type de production est admissible. Le projet doit permettre à ses promoteurs d’en tirer un revenu, même si ce n’est pas le principal gagne-pain de la famille.
La municipalité et la MRC sont en train d’établir les critères que devront remplir les candidats. « C’est important, parce qu’on ne veut pas faire rêver les gens pour rien. On veut qu’ils soient conscients que ce n’est pas juste bucolique. C’est du travail! Ils défrichent une certaine forme d’activités. En même temps, c’est une opportunité unique », souligne Claire Bolduc. « On va analyser les dossiers et voir ceux qui ont le plus de chances de survivre », ajoute Simon Gélinas.
Un cas d’exception?
Si les quatre premières entreprises prouvent que la démarche fonctionne, quatre autres parcelles pourraient être exploitées sur le même lot. La préfète est convaincue que cela sera le cas. « On veut être victimes du succès que cela aura. On veut convaincre les institutions financières de la viabilité de ce type de projets et refaire découvrir d’autres façons de faire de l’agriculture », fait-elle valoir.
Dans sa décision rendue en 2019, la CPTAQ s’est montrée prudente. « La Commission tient à préciser que l’autorisation à venir ne constitue pas une nouvelle orientation de la Commission sur les morcellements. Il s’agit en fait d’une réponse à une situation particulière sur une propriété et dans une région ayant des particularités particulières », a-t-elle écrit, notamment pour répondre à l’opposition de l’Union des producteurs agricoles.
Lorrainville, nouveau noyau agroalimentaire Depuis plus de 20 ans, la Fromagerie du Village est bien implantée dans le village de Lorrainville. Mais depuis deux ans, de plus en plus de « voisins » se greffent à cette institution du Témiscamingue. La Boucherie du Maniak s’est mise à faire du débitage à forfait et l’ancien maire de Ville-Marie, Bernard Flebus, a installé sa charcuterie européenne Extrem’ Boréal dans les anciens bâtiments de la fromagerie. Deux boulangeries ont aussi vu le jour, dont une issue de la nouvelle ferme maraîchère Chez Lyne et Sylvain qui, spécialisée initialement dans l’autocueillette de citrouilles, s’est mise à diversifier et à intensifier sa production. « À l’automne, plein de gens, et des gens d’ailleurs, beaucoup de l’Abitibi entrent là. C’est une belle offre. On tombe dans le tourisme et c’est familial », fait valoir fièrement le maire Simon Gélinas. Ce dynamisme risque non seulement d’attirer les futurs propriétaires des petites terres, mais aussi de les encourager à s’établir à long terme et ainsi stimuler la démographie et la vitalité du village, selon lui. « C’est beau de faire des enfants, mais il faut tenter de les garder ici, en région. On essaie de leur faire réaliser que le Témiscamingue, c’est un beau coin de pays pour y vivre », souligne l’élu, lui-même agriculteur et père de sept enfants. |