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Désavantagés par un bassin d’acheteurs réduit et des frais de transport importants lorsque la récolte doit être vendue à l’extérieur, les producteurs de grains en région doivent redoubler d’ardeur pour tirer leur épingle du jeu.
Président des Producteurs de grains du Québec (PGQ) pour la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean, Pierre Murray dit toujours conseiller à ses membres de commencer à appeler les clients régionaux avant de sortir la récolte. « Mais ça dépend aussi des cultures. Des fois, tu n’as pas le choix, comme pour le canola qui aboutit toujours à Bécancour ou l’orge de brasserie qui finit chez Canada Malting à Montréal. Ça fait que des fois, le bon prix que tu réussis à avoir, tu le redonnes aux transporteurs. »
Au pays des bleuets, la coopérative Nutrinor est un joueur local incontournable, mais pour une alternative, les producteurs se tournent parfois vers la Beauce où se trouve Agri-Marché, à Saint-Isidore. « Je recommande toujours d’appeler au moins trois acheteurs avant de faire un choix. Souvent, ce que je déplore, c’est que l’information ne circule pas. Tu apprends qu’il y a des besoins en blé en Beauce, mais il est trop tard. Quand tu as un tuyau, tu devrais te mettre au téléphone et le partager », poursuit le producteur de La Doré.
En Abitibi-Témiscamingue, le président de la section régionale des PGQ, Luc Mayer, explique que les producteurs locaux ont un bassin de cinq acheteurs récurrents. « Ce n’est quand même pas si mal, admet-il. On est sur la frontière; on en a donc deux au Québec et trois du côté de l’Ontario. »
Les coûts de transport sont un facteur important là-bas. « On produit beaucoup d’avoine, mais on doit l’expédier à Peterborough à six heures de route. C’est environ 40 $ la tonne, mais selon l’urgence et la disponibilité des transporteurs, ça peut monter à 50 $. C’est ça, produire en région. Tu paies pour faire apporter les semences et les engrais et tu paies encore pour faire sortir la récolte », rappelle le producteur Luc Mayer, de Béarn, au Témiscamingue.
Les deux présidents des sections régionales s’entendent pour dire que les producteurs de maïs ont un pas d’avance quand vient le temps de commercialiser leur récolte. « On a beaucoup de membres qui sont producteur laitier ou de bœuf avant d’être producteur de grains. Chez ceux-là, l’habitude de négocier n’est pas encore naturelle même si cela a tendance à changer », explique Luc Mayer. « Le gars qui a 100 vaches, renchérit Pierre Murray, il en a en masse à s’occuper. Alors, il va appeler la coop et lui demander de venir ramasser l’avoine. »
La disponibilité de l’information sur Internet et les formations sur la commercialisation des grains dispensées en région apportent cependant un vent de changement porteur d’espoir. « Les plus jeunes producteurs, mais aussi certains de ma génération, découvrent qu’on peut faire de bons gains en s’informant », souligne Luc Mayer. « Il n’y a pas de solution miracle, abonde Pierre Murray. Quand tu fais du petit volume, il faut que tu gosses plus pour avoir ton prix. Si tu as juste deux acheteurs, mets-les un contre l’autre », conclut-il.
Bernard Lepage, collaboration spéciale