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Il fut un temps où l’aménagement paysager se voulait uniquement ornemental; la beauté était la préoccupation première des acteurs du paysage. À bien y penser, c’était un peu superficiel… Les années ont passé et les temps ont changé. Heureusement, l’agriculture urbaine a gagné en popularité. Plus qu’une tendance, elle est maintenant devenue un incontournable.
Auparavant, le paysagiste veillait à intégrer un potager dans un coin de l’aménagement paysager. L’objectif est maintenant de planifier et de réaliser un lieu de vie qui se veut utile, intelligent et parfois même gourmand. Une mouvance vers le verdissement et la diversité s’observe depuis les dernières années.
Cette tendance se fait également bien sentir à l’Institut de technologie agroalimentaire. Les étudiantes et les étudiants ont en effet un intérêt grandissant pour la pensée écologique et les paysages plus verts; leur conscience environnementale a grandement évolué. Les professeurs du programme Paysage et commercialisation en horticulture ornementale ont par ailleurs développé l’approche PUUR Paysage, qui prend en considération les éléments (air, eau et sol), la santé, la biodiversité ainsi que le bien-être de tous les occupants du paysage (animaux, insectes, humains, etc.). Cela se traduit par l’enseignement de designs conscients et de pratiques d’intervention durables.
Quant à la clientèle, ses demandes ont également largement changé avec le temps. Un mouvement de société s’est installé; une plus grande conscience alimentaire s’observe que par le passé. Cela a pour effet de modifier les besoins à l’égard des aménagements paysagers et se traduit par de nouvelles requêtes de la clientèle : intégrer de petites serres, inviter les butineurs aux jardins, insérer des plantes potagères et aromatiques plus diversifiées, favoriser la permaculture, etc. Le jardinage a regagné ses lettres de noblesse.
Des plantes aux utilités diverses
Par conséquent, les professionnels ont dû s’adapter. Il ne s’agit plus uniquement d’intégrer des plantes potagères dans les jardins, mais plutôt de faire usage des végétaux qui auront une utilité autant pour l’humain que pour la faune et la flore. Une belle façon de nous inciter à mieux connaître nos plantes et d’être au fait de leurs utilités. Nous avons également réalisé que nos plantes ornementales pouvaient s’inviter dans nos assiettes! Par exemple, nous savons maintenant que les jeunes pousses et les fleurs des hémérocalles sont comestibles.
Mais cela va bien plus loin dans le processus de réflexion de l’organisation de l’espace et de la pérennité du jardin. Voici des exemples d’applications concrètes en agriculture urbaine :
- Privilégier l’utilisation du BRF (bois raméal fragmenté) plutôt que de choisir systématiquement le paillis;
- Utiliser des systèmes de gestion des eaux qui peuvent servir à l’arrosage des plantes et parfois même aux humains, plutôt que de diriger l’eau vers les systèmes municipaux;
- Réfléchir aux espaces pour qu’ils soient aussi utilitaires qu’agréables. Il n’est pas rare qu’une zone ait une double vocation.
Bref, nous réalisons des aménagements paysagers qui respectent davantage la diversité animale et végétale. D’ailleurs, on sent de plus en plus la volonté d’être reconnu comme écoresponsable au sein des entreprises du secteur.
Dans les dernières années, il y a eu une évolution fulgurante de l’intérêt pour l’agriculture urbaine. Plusieurs raisons justifient cette tendance : la prise de conscience des changements climatiques, la volonté de diminuer son empreinte environnementale, une écoresponsabilité grandissante et même, un engouement pour l’autosuffisance. On ne peut pas être contre la vertu. Parions que cette tendance fera bientôt partie de nos mœurs.
Véronique Pepin, entrepreneure paysagiste et professeure en Paysage et commercialisation en horticulture ornementale
Institut de technologie agroalimentaire, campus de Saint-Hyacinthe