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La résistance aux antibiotiques est un phénomène inquiétant qui affecte divers secteurs, dont la médecine humaine et vétérinaire ainsi que l’économie. Ce phénomène, aussi appelé antibiorésistance, se produit lorsqu’un microorganisme évolue en présence d’antibiotiques et acquiert des gènes qui lui permettent de survivre à un traitement d’antibiotiques.
L’antibiorésistance peut survenir naturellement. Cependant, la surconsommation et l’utilisation inadéquate d’antibiotiques augmentent de façon colossale l’apparition de bactéries résistantes. Ces dernières représentent un grand problème tant pour les animaux malades qui ne répondent plus aux traitements d’antibiotiques que pour les humains exposés aux bactéries résistantes.
Une solution à ce problème est de réduire l’utilisation d’antibiotiques en utilisant plutôt des solutions de rechange qui permettent la prévention du développement de maladies infectieuses en élevage. La mise au point de vaccins est une alternative de choix et est étudiée depuis l’époque de Louis Pasteur, pionnier de la microbiologie. La vaccinologie traditionnelle repose sur l’atténuation ou la désactivation d’un microorganisme pathogène ou d’une particule provenant de ce microorganisme avant de l’administrer à un sujet et d’ainsi, stimuler son système immunitaire. Plusieurs vaccins conçus par cette approche sont présentement offerts sur le marché. Au Canada, on retrouve par exemple des vaccins vivants qui préviennent la coccidiose chez le poulet de chair, une maladie causée par des parasites intestinaux appelés coccidies.
Une nouvelle approche
Toutefois, la vaccinologie traditionnelle possède ses limitations et ne peut être appliquée à tous les microorganismes pathogènes. En effet, plusieurs possèdent une trop grande diversité d’antigènes (protéines ciblées par un vaccin) à leur surface ou ne peuvent pas être cultivés en laboratoire. C’est ici que les récentes avancées scientifiques du séquençage de matériel génétique et de la bio-informatique assurent la riposte scientifique avec la naissance d’une nouvelle approche de vaccinologie nommée « vaccinologie inverse ».
Le principe de cette approche repose sur l’exploration du génome (ensemble des gènes) d’une bactérie pathogène afin d’identifier le répertoire complet des antigènes situés à la surface de la bactérie. De plus, en comparant le génome de souches (individus) pathogènes d’une bactérie avec celui de souches non pathogènes de la même espèce, il est possible de développer des vaccins efficaces contre une maladie sans affecter les bactéries bénéfiques d’un hôte. Cette approche innovatrice est intéressante puisqu’elle est plus rapide et moins coûteuse que l’approche traditionnelle et permet d’identifier davantage d’antigènes de surface.
Ainsi, en utilisant la vaccinologie inverse, il sera possible de mettre au point de nouveaux vaccins et d’assurer aux animaux d’élevage une protection immunitaire contre les bactéries pathogènes tout en réduisant la consommation d’antibiotiques. Avec l’augmentation inquiétante de la résistance à ces antibiotiques et les pertes économiques reliées à ce phénomène pour l’industrie de la production animale, il est essentiel de développer de nouvelles stratégies de prévention des maladies, et la vaccinologie inverse pourrait bien être la clé.
Une stratégie rapide Depuis quelques années, une augmentation inquiétante du phénomène de la résistance aux antibiotiques est observée. Afin de réduire l’utilisation excessive des antibiotiques, il est essentiel de développer de nouvelles stratégies de prévention des maladies. La vaccinologie inverse propose une stratégie rapide, peu coûteuse et qui permet d’identifier davantage de cibles de vaccination. |
Nicolas Deslauriers
Dre Martine Boulianne
Chaire en recherche avicole, Groupe de recherche sur les maladies infectieuses en production animale (GREMIP), Centre de recherche en infectiologie porcine et avicole (CRIPA), Faculté de médecine vétérinaire, Université de Montréal