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Quand ils se sont lancés dans la production de laine, des producteurs ovins ne se doutaient pas que leur projet, d’abord mené en parallèle de leur production de viande ou de lait, prendrait autant d’ampleur.
France Custeau et Louis Desrosiers, propriétaires de l’entreprise Les laines Finn D’Or, située à Brompton en Estrie, ont décidé il y a six ans d’explorer l’avenue de la laine pour diversifier leur production, qui était alors centrée sur la viande d’agneau. « Nous avons ajouté des moutons de race Finnoise à notre troupeau de Romanov pour tester la production de laine. » Cette race, d’origine finlandaise comme son nom l’indique, possède un pelage qui permet de fabriquer une laine « de très grande qualité, douce et un peu frisée », précise Mme Custeau.
Après deux ans d’essais et d’erreurs, les ventes se sont mises à progresser, si bien que le couple a décidé il y a quatre ans de réorienter sa production sur la laine et de délaisser la viande. Avec son troupeau de 200 têtes, il fait partie des plus grands éleveurs de race Finnoise de la province.
À Lévis, dans Chaudière-Appalaches, Audrey Boulet et Olivier Beaurivage, propriétaires de la ferme Les brebis du Beaurivage, ont décidé d’explorer l’avenue de la laine il y a quatre ans afin, explique Mme Boulet, « de valoriser toutes les facettes des brebis », qu’ils élèvent aussi pour la viande et le lait.
« On ne s’attendait pas à ça. On pourrait facilement vendre trois fois plus si notre production était plus grande », estime celle qui vend ses écheveaux et couvertures de laine en ligne et directement à la ferme. Le couple possède 110 brebis de race East Friesian, en plus des agneaux destinés à l’engraissement et des agnelles de remplacement, soit environ 200 têtes au total. Cette race, peu présente dans les élevages du Québec, est excellente pour la production de lait et permet de fabriquer une laine de bonne qualité. « Ce qui n’est pas le cas pour les races Romanov et croisées, élevées pour la viande, que l’on retrouve dans la majorité des élevages du Québec », estime Mme Boulet.
Coût de production élevé
La procédure de transformation de la laine brute reste toutefois laborieuse, notamment parce qu’il n’y a pas d’équipement permettant de traiter la laine dans la province. Du côté des Laines Finn D’Or, France Custeau a développé son propre système pour laver et teindre sa laine, mais a dû se résigner à l’envoyer dans une usine du Michigan pour la faire tisser et peigner selon les standards qu’elle recherchait. Chez Les brebis du Beaurivage, la laine brute est emballée et expédiée dans des moulins situés dans d’autres provinces canadiennes avant de revenir en boutique, ce qui contribue à augmenter le coût de production.
Moins de débouchés à l’international S’ils ne la jettent pas aux poubelles, les producteurs ovins ont l’option de vendre la laine provenant de la tonte de leurs moutons à la Canadian Co-operative Wool Growers Limited (CCWG), principal acheteur de laine au Canada, qui trie et revend la laine sur le marché international du textile, notamment pour la fabrication de feutre. CCWG possède deux points de dépôt au Québec, dont un à Saint-Hyacinthe, dans les locaux de la compagnie Premier Choix Agricole. La directrice adjointe de ce point de dépôt, Anne-Marie Auger, constate cette année une augmentation des sacs de laine apportés par les producteurs. « On envoie environ 25 000 livres de laine par mois à l’entrepôt de CCWG, en Ontario », dit-elle. Depuis le début de la pandémie de COVID-19, le secteur du textile a toutefois été grandement ralenti. Néanmoins, Eric Bjergso, directeur général de la CCWG, confirme que la coopérative continue d’acheter et de préparer la laine en vue d’un redémarrage prochain du secteur. En temps normal, la CCWG vend 3 millions de livres de laine annuellement dans des marchés d’exportation comme la Chine, les États-Unis, l’Égypte et l’Inde, entre autres. |