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La plus grande conférence internationale sur les insectes comestibles s’est tenue en mode virtuel à la fin novembre sous la coordination de l’Université Laval à Québec. L’engouement inégalé pour l’événement baptisé Des insectes pour nourrir le monde confirme l’effervescence de ce secteur au Québec et dans le monde, croient les organisateurs.
« On a eu 600 participants. C’est du jamais vu! » lance Louise Hénault-Éthier, chercheuse postdoctorale à l’Université Laval et membre du comité organisateur. Après avoir eu lieu aux Pays-Bas en 2014 et en Chine en 2018, la troisième édition de cet événement a été un succès.
« Ça démontre certainement l’engouement de ce secteur auquel nous croyons depuis plusieurs années déjà, et que les gens sont de plus en plus convaincus », exprime Grant Vandenberg, chercheur et professeur titulaire au Départe-ment des sciences animales de l’Université Laval. Avec sa collègue Marie-Hélène Deschamps, responsable du programme des entotechnologies, il a largement contribué à faire retenir la candidature québécoise pour la tenue de cette conférence d’envergure mondiale qui a rassemblé des experts, des éleveurs d’insectes et des investisseurs.
Les insectes comestibles ont la cote. Ce marché mondial connaît une croissance de 40 % par an et on estime qu’il représentera un secteur d’une valeur de plus de 700 M$ d’ici 2024. Au Québec, la quantité de fermes d’insectes est passée de trois ou quatre en 2016 à une vingtaine en 2020.
La programmation comptait 140 communications scientifiques. « Il y avait une bonne dynamique, a constaté Louise Hénault-Éthier. Les gens participaient, posaient des questions, même si les conférences avaient été préenregistrées pour éviter les défaillances. »
Lors d’un panel, des investisseurs ont discuté des enjeux économiques. « L’adéquation entre le milieu des affaires et celui de la recherche scientifique pour l’avancement de ce dossier-là est certainement l’une des choses originales à s’être passées lors de l’événement », pense celle qui est aussi directrice de la recherche et de l’innovation chez TriCycle, une ferme d’élevage de ténébrions.
« Les plus gros joueurs du monde agroalimentaire s’y mettent », ajoute M. Vandenberg, comme le géant français Cargill. Nos voisins de l’Ontario accueilleront d’ailleurs la plus grosse ferme de grillons au monde en 2021 avec la venue du chef de file mondial de la production d’insectes comestibles Aspire Food Group, dirigé par des anciens étudiants de McGill. « Il y aura aussi des annonces dans les prochaines semaines de compagnies québécoises qui réussissent à faire évoluer leur projet à un autre niveau », assure M. Vandenberg.
Les défis de l’alimentation des animaux d’élevage
Les insectes ont un énorme potentiel pour l’alimentation des animaux d’élevage, mais « l’accessibilité et les prix sont un défi », estime le professeur, qui explique que le secteur des animaux domestiques est actuellement « plus lucratif, donc plus intéressant » pour les investisseurs. Le scientifique reste cependant convaincu que les consommateurs souhaitent voir émerger des solutions pour amoindrir l’impact environnemental de la production agricole.
Au Canada, la compagnie Enterra, de Vancouver, a reçu l’autorisation de l’Agence canadienne d’inspection des aliments pour faire entrer les insectes dans la composition de ses moulées pour la volaille et les poissons d’élevage.
Étant donné que l’événement n’a pu avoir lieu à Québec comme prévu, l’édition de 2022 s’y tiendra. Les conférences restent accessibles en ligne pour les trois prochains mois.
Des producteurs inquiets Plusieurs producteurs d’insectes québécois seraient inquiets de se faire « envahir » par des multinationales. « Une des inquiétudes, indique Louise Hénault-Éthier qui a sondé le terrain, c’est de voir qu’il y a des investissements importants qui sont faits à l’international, notamment en France, où le gouvernement et les investisseurs débloquent des fonds majeurs pour structurer l’essor de ce secteur-là. » Les producteurs québécois craignent qu’après avoir consolidé leur expertise, ces grands joueurs viennent leur faire concurrence. |
Émilie Nault-Simard, collaboration spéciale