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Les secousses provoquées par la COVID-19 au printemps 2020 ont rapidement testé la solidité de la Convention de mise en marché des porcs signée moins d’un an plus tôt et qui rétablissait un rapport de force en faveur des producteurs.
Autant du côté des transformateurs, menés par Olymel, Viande du Breton et Aliments Asta, que du côté des producteurs, représentés par Les Éleveurs de porcs du Québec, les interventions ont été nombreuses ces derniers mois auprès de la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec (RMAAQ) chargée d’arbitrer les différends. Chaque partie avançait que la pandémie l’affectait de façon inéquitable.
Valide jusqu’en février 2022, la convention instaurait une formule dite 90 %-100 %, prévoyant notamment un remboursement lorsque le prix du porc vivant était en deçà de 90 % du prix à la découpe. Pour un porc vivant acheté par exemple à 85 % du prix enregistré à la découpe, les abattoirs remettaient 5 % aux producteurs.
Mais au plus fort de la COVID-19 le printemps dernier, le marché a été terrassé. Au cours de la période du 27 avril au 6 juin par exemple, le ratio est passé sous la barre des 65 % à 20 reprises, atteignant même un creux historique de 52,75 %, le 7 mai.
Des sommes substantielles
Les sommes que devaient alors remettre les transformateurs aux éleveurs étaient substantielles, convient Anthony Lévesque, agroéconomiste chez Les Consultants Denis Champagne, qui précise toutefois le caractère singulier de la situation. « Au plus fort de la crise, un porc vivant de 100 kg acheté 130 $ pouvait se vendre 300 $ à la découpe parce qu’il y avait une forte demande dans les épiceries. L’écart pour combler le prix à 90 % impliquait alors de grosses sommes pour les abattoirs », explique le consultant basé en Beauce.
Malgré tout, la RMAAQ a décidé de conserver la formule de la convention, mais en instaurant un plancher à 65 % même si Olymel suggérait pour sa part de le hausser à 75 %, et même à 80 % en période estivale lorsque les prix sont traditionnellement plus élevés.
Dans ses arguments, la présidente de la Régie, France Dionne, a souligné que jusqu’à la présente situation de pandémie, tant pour l’année 2019 que pour les années précédentes, ce ratio n’était jamais descendu sous les 65 %, même lors du décrochage historique de l’automne 2016 alors que les producteurs américains avaient inondé le marché.
Anthony Lévesque croit que le plancher de 65 % est là pour rester même s’il n’était pas inscrit dans la convention originale et qu’il est en vigueur jusqu’au 31 décembre 2020 pour l’instant. « Je crois qu’il sera conservé pour des situations exceptionnelles comme celle qu’on a vécue au printemps », affirme-t-il. La nouvelle formule serait quelque peu désavantageuse pour les producteurs à l’été, alors que les prix généralement élevés les avantagent, mais viendrait les aider tout le reste de l’année.
Le consultant souligne par ailleurs que la résurgence de la COVID-19 cet automne dans les abattoirs d’Olymel à Vallée-Jonction et à Princeville n’a rien à voir avec les impacts de la fermeture des installations de Yamachiche à la fin mars. « Les transformateurs réussissent aujourd’hui à maintenir les opérations même lorsque des cas sont détectés. On connaît mieux la maladie, le dépistage est plus rapide et on retrace les chaînes de propagation plus facilement. La fermeture n’est plus la première option et d’ailleurs, on assiste moins à une fluctuation des prix cet automne », conclut-il.
Bernard Lepage, collaboration spéciale