Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Encore une fois, en 2013, Dionysiens et Antoniens ont pu rouler sur la rivière Richelieu grâce au pont de glace qui relie depuis plus de 100 ans les municipalités de Saint-Denis et Saint-Antoine. Le redoux de la mi-janvier aura retardé d’une semaine le signal de départ pour les automobilistes alors que les piétons et les motoneigistes s’y aventuraient déjà. La normale, quoi!
« C’est capital de maintenir en place ce service à la population qui date de temps immémoriaux, déclare le directeur général de Saint-Denis, Pierre Pétrin, en poste depuis 1977. C’est d’ailleurs le seul pont de glace qui a survécu entre le lac Champlain et le fleuve Saint-Laurent. Et il n’est aucunement question d’y mettre un terme. »
Dans le passé, un maire de Saint-Antoine avait évoqué son abolition; il s’était vite ravisé devant le tollé général, se rappelle Pierre Pétrin. « Ce pont existait quand j’étais petit bonhomme, tout comme il y en avait un entre Saint-Roch et Saint-Ours et un autre entre Saint-Charles et Saint-Marc », évoque ce Dionysien. Ces municipalités l’ont abandonné à la suite d’incidents fâcheux. « Un camion rempli de fer, à Saint-Ours, et une semi-remorque de 53 pieds, à Saint-Charles, ont en effet plongé dans la rivière », raconte ce sexagénaire qui profite d’une retraite progressive.
Saint-Denis a évité de tels drames grâce à la vigilance des élus municipaux. « À l’entrée du pont de glace, nous avons installé un gabarit qui bloque l’accès aux gros véhicules », explique M. Pétrin.
La tâche de mettre en place et d’entretenir le pont de glace est confiée depuis 15 ans à René Chagnon, un citoyen de Saint-Antoine d’une fiabilité à toute épreuve.
« M. Chagnon prélève des carottes de glace plusieurs fois par semaine, fait des rapports étoffés et sait analyser la qualité de la glace. Il a élaboré un système de signalisation afin de renforcer la sécurité. Il jouit d’une latitude complète dans l’exercice de ses fonctions et d’une confiance inébranlable de la part des élus municipaux. »
L’ouverture se fait de façon progressive, selon l’épaisseur de la glace. « À certaines heures, le pont est aussi occupé que l’autoroute Métropolitaine, avec sept ou huit voitures qui se croisent », illustre Pierre Pétrin, qui est aussi notaire. La durée d’utilisation du pont varie selon la température et peut atteindre huit semaines. « Lors des meilleures années, il est en place dès Noël et jusqu’à la fin de février, dit-il. Mais l’ouverture a le plus souvent lieu à la mi-janvier. »
Les coûts liés au pont de glace, environ 4 000 $ par an, sont assumés conjointement par Saint-Denis et Saint-Antoine en vertu d’une entente intermunicipale. Dans les faits, la facture est moins élevée que cela pour leurs citoyens, parce que les municipalités voisines ajoutent leur contribution volontaire.
De nombreux avantages
Grâce au pont de glace, les automobilistes économisent temps et argent. Sinon, ils seraient obligés de se rendre au pont de Belœil–Saint-Hilaire ou de Sorel-Tracy pour atteindre l’autre rive. « C’est un raccourci important pour les producteurs agricoles qui se rendent aux bureaux de l’UPA, ou pour les citoyens qui vont à l’hôpital à Saint-Hyacinthe. Cela vaut aussi pour les travailleurs de Sidbec-Dosco, à Contrecœur, qui résident à Saint-Denis, de même que pour les employés de Bonduelle qui vivent sur l’autre rive », énumère Pierre Pétrin.
C’est aussi un plus pour des commerçants de Saint-Denis. « La clinique médicale, la pharmacie et le dépanneur desservent les citoyens de Saint-Antoine comme les touristes. Mais le pont de glace a plus qu’une vocation économique, précise-t-il. Il contribue à sa façon au renforcement du tissu social. Il faut voir les gens s’y regrouper et jaser le dimanche. C’est un lieu de rencontre pour la population. »