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La peste porcine africaine (PPA) est une maladie virale sévère affectant les suidés domestiques et sauvages1. Historiquement (avant 2007), ce virus circulait principalement dans les populations de phacochères en Afrique. En 2007, le virus de la PPA a contaminé la population porcine de la Géorgie dans la région du Caucase. La transmission de ce virus sur le continent eurasien s’est poursuivie pour atteindre la Chine en 2018 et, plus récemment (2019-2020), plusieurs autres pays asiatiques et européens.
Cette maladie animale transfrontalière est propagée par les suidés domestiques ou sauvages, vivants ou morts, et par les produits qui en sont issus. La transmission peut également s’opérer avec les aliments pour animaux contaminés et des vecteurs passifs (objets non vivants) tels que les chaussures, les vêtements, les véhicules, les couteaux, les équipements, etc2. Le contrôle de cette maladie exige l’abattage et la disposition des carcasses des porcs contaminés, car il n’existe aucun traitement ni vaccin.
Une préoccupation mondiale
La transmission transfrontalière de la PPA est une préoccupation internationale et les conséquences de cette maladie sont suivies par l’Organisation mondiale de la Santé animale (OIE)3 et par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). La peste porcine africaine n’est pas une zoonose et ne présente pas de risque pour la salubrité des aliments de l’humain, mais elle affecte sévèrement les populations porcines et, par conséquent, la production de viande porcine mondiale. Les observateurs internationaux (OIE) estiment que cette maladie a réduit la production de viande porcine de 25 % à 30 % en Chine en 2019 et 20204. Cette réduction de la disponibilité de viande inquiète la FAO, car la viande de porc est reconnue comme une source majeure de protéines dans l’alimentation humaine, avec une part stable de 35 % à 40 % de la production mondiale de viande.
Les déficits de la production porcine chinoise pourraient créer des opportunités pour les pays exportateurs de porcs comme le Canada, mais la propagation constante de cette maladie sur le continent eurasien crée aussi beaucoup d’inquiétude chez les producteurs de porcs canadiens et les différents paliers du gouvernement fédéral et des gouvernements provinciaux.
Au Canada
Au Canada, la gestion d’une éventuelle crise sanitaire associée à l’introduction de la PPA relève du gouvernement fédéral, car la PPA est une maladie à déclaration obligatoire en vertu de la loi fédérale sur la santé des animaux. Tous les cas doivent être déclarés à l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA)5, et Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) est impliqué dans les programmes de gestion des risques économiques. Le danger de la PPA préoccupe également les instances provinciales (MAPAQ) et surtout tous les partenaires de la filière porcine québécoise et canadienne (éleveurs, abattoirs et transformateurs). Au Québec, la coordination des activités de préparation à la gestion d’une éventuelle crise sanitaire entre les divers partenaires (industrie et ministères) est assurée par l’Équipe québécoise de santé porcine (EQSP).
L’éclosion d’un cas de PPA au Québec ou ailleurs au Canada serait dramatique pour les producteurs porcins du Québec, car elle entraînerait une fermeture immédiate de nos marchés d’exportation. Le Canada est le troisième pays exportateur de viande porcine au monde et il exporte actuellement 70 % de sa production.
L’industrie porcine canadienne représente 24 milliards de dollars canadiens et emploie plus de 45 000 personnes dans les secteurs de la production et de la transformation. En 2018, la production canadienne de porc s’élevait à 2,1 millions de tonnes, dont 1,3 million de tonnes de viande de porc, d’une valeur de 3,8 milliards de dollars canadiens, exportées vers 87 pays6.
Biosécurité aux frontières
Les principales activités québécoises et canadiennes en regard de la PPA sont orientées vers des mesures de biosécurité aux frontières et sur la logistique de la gestion d’une crise qui serait la conséquence de l’identification de la maladie au Canada.
La transmission et l’évolution de la PPA sont une préoccupation à l’échelle internationale, nationale (Canada) et provinciale (Québec). Les partenaires du secteur porcin québécois et canadien continuent de travailler pour prévenir une éventuelle crise sanitaire et mieux se préparer à sa gestion. Tous les partenaires et parties prenantes espèrent que les mesures de biosécurité actuelles et futures permettront de prévenir l’introduction de cette maladie sur le territoire canadien.
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Christian Klopfenstein, D.M.V., Ph. D en épidémiologie, CDPQ
- https://www.oie.int/fr/sante-animale-dans-le-monde/maladies-animales/african-swine-fever/
- https://www.oie.int/fr/sante-animale-dans-le-monde/maladies-animales/african-swine-fever/
- https://www.oie.int/fr/sante-animale-dans-le-monde/maladies-animales/african-swine-fever/
- https://oiebulletin.com/?panorama=02-2-2-2020-1-economic
- https://www.inspection.gc.ca/sante-des-animaux/animaux-terrestres/maladies/declaration-obligatoire/peste-porcine-africaine/fra/1306983245302/1306983373952
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