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Vous utilisez des aliments médicamenteux pour traiter les maladies dans votre élevage porcin? La composition de l’aliment peut nuire à la libération du médicament qu’il contient, ce qui compromettrait l’efficacité du traitement administré à vos animaux, la rentabilité de votre élevage et la préservation de l’environnement agricole.
L’équipe de l’Université de Montréal a complété, grâce à un financement d’Ontario Pork, une étude in vitro de l’influence de la capacité de rétention d’eau de cinq ingrédients majeurs des moulées porcines (maïs, blé, seigle, tourteau de soya et drêche de distillerie déshydratée avec solubles) sur la libération des prémélanges de deux antibiotiques, la chlortétracycline et la lincomycine, dans des liquides digestifs simulés.
Ces deux prémélanges médicamenteux, qui libèrent 100 % de leur contenu d’antibiotiques lorsque testés seuls, n’en libèrent qu’une fraction selon l’ingrédient alimentaire dans lequel ils sont mélangés, soit de 41 à 83 % pour la chlortétracycline ou de 58 à 83 % pour la lincomycine. L’entrave à la libération de ces deux antibiotiques était positivement reliée à la capacité de rétention d’eau de l’ingrédient alimentaire auquel ils étaient mélangés. Il est à noter que les deux principaux ingrédients des moulées porcines, le maïs et le tourteau de soya, ont causé la plus forte entrave à la libération de ces deux antibiotiques.
À l’opposé, l’entrave à leur libération était minimale avec le seigle et la drêche de distillerie déshydratée avec solubles. Ces résultats confirment l’hypothèse des chercheurs selon laquelle l’aliment épongerait les fluides digestifs, qui deviennent alors le facteur limitant la dissolution et la libération des médicaments oraux.
Gaspillage de médicament
Ces résultats ont deux implications importantes pour les éleveurs de porcs. Premièrement, les pratiques actuelles de formulation des aliments entraînent du gaspillage de médicament, car la fraction non dissoute de ce dernier est évacuée dans le lisier et ne peut donc atteindre la cible du traitement. Cela cause une dépense inutile à l’éleveur et prive les animaux traités d’une fraction de la dose thérapeutique, ce qui peut retarder leur guérison et diminuer leurs performances. Aussi, les médicaments oraux qui n’ont pas été libérés dans l’intestin des animaux s’accumuleront dans le lisier et seront épandus sur les sols cultivables, deux milieux où ils pourront sélectionner des bactéries résistantes aux agents antimicrobiens.
Deuxièmement, ces résultats et les futures recherches de l’équipe du Dr del Castillo permettront d’améliorer l’efficacité des aliments médicamenteux administrés au bétail par des pratiques d’alimentation de précision. En effet, la substitution des ingrédients plus nuisibles à la libération des agents actifs des prémélanges médicamenteux par des ingrédients de rechange, qui sont inertes à l’égard du médicament sans toutefois nuire à la prise alimentaire des animaux ni aux performances de l’élevage, devrait permettre la formulation d’aliments qui restituerait le plein effet thérapeutique des médicaments.
JÉRÔME DEL CASTILLO, D.M.V.
ALIREZA JAFARZADEH, Étudiant, M. Sc.
XAVIER BANQUY, Professeur
ARACELI GARCIA AC, Chef de laboratoire, Faculté de pharmacie Université de Montréal