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Après avoir évolué dans un quartier défavorisé de Montréal, Alain Riopel s’est retroussé les manches pour mettre derrière lui un passé difficile. Il a changé de vie du tout au tout. Maintenant agriculteur dans le Centre-du-Québec, il se donne pour objectif de redonner à la communauté en offrant des stages à sa ferme à des jeunes qui en ont besoin.
« Quand je dis à certains de mes amis que je suis maintenant agriculteur, ils n’en reviennent pas », lance en riant le propriétaire des Jardins Saint-Bonaventure. « Il y a eu un événement dans ma vie qui m’a fait réaliser qu’il était temps que je reprenne ma vie en main », poursuit celui qui est retourné à l’école pour décrocher une Attestation d’études collégiales (AEC) en démarrage d’entreprise et un diplôme d’études professionnelles (DEP) en production horticole. Puis, il a emménagé dans une maison à Saint-Bonaventure qu’il loue de son père avec intention d’achat. Le producteur maraîcher s’est mis à y cultiver divers fruits et légumes qu’il vendait au départ à des amis et à la famille, puis sous forme de paniers.
De fil en aiguille, il a commencé à approvisionner des organismes communautaires qui ont pour mandat de redistribuer à bas prix des produits maraîchers dans des quartiers moins nantis de LaSalle et de Lachine, à Montréal. Plusieurs bénéficiaires de ces organismes lui parlaient de leur intérêt pour l’agriculture. « C’est là que j’ai eu l’idée d’offrir à d’autres ce que moi j’aurais voulu qu’on m’offre quand ça allait moins bien : une occasion de travailler pour une entreprise qui répond à mes valeurs et qui me permet de faire un retour à la terre. »
Bien décidé à aider son prochain, M. Riopel a donc lancé des appels à des organismes, avec pour objectif d’accueillir à sa ferme de jeunes délinquants, itinérants ou toxicomanes et leur donner une chance de se reprendre en main.
Accueil de Maxime
Finalement, c’est le centre local d’emploi de Saint-Hyacinthe qui a répondu à son appel. Depuis juin, l’agriculteur bénéficie de l’aide de Maxime, 19 ans, qui présente un trouble du spectre de l’autisme.
« Je voulais travailler dans une ferme de fruits et légumes, et Alain est le seul qui a voulu me prendre pour un stage. J’aime beaucoup ça », raconte joyeusement le jeune apprenti. « Je fais du bénévolat pour l’instant, mais je préfère être ici plutôt que rester à la maison. J’apprends plein de choses », ajoute-t-il. En fait, Alain Riopel est si satisfait du travail de Maxime qu’il a entamé des démarches auprès du gouvernement, avec l’aide de l’intervenante psychosociale du jeune, pour obtenir une subvention et le garder à sa ferme. « Avec le programme du gouvernement, Maxime serait payé pendant trois ans à temps plein pour faire son stage ici. Il doit compléter des modules, comme à l’école, et obtiendra, s’il passe ses modules, l’équivalent d’une attestation serricole. »
Si Alain Riopel n’écarte pas l’idée d’accueillir des jeunes délinquants ou toxicomanes en réhabilitation plus tard, l’agriculteur concentre en ce moment ses énergies à former Maxime, en qui il a une grande confiance. Ce dernier apprendra notamment à produire des plantes en serre, à les récolter, à faire des semis, à les entretenir et à les transplanter.
« Il deviendra un ouvrier de serre. Il est passionné, débrouillard et il m’aide beaucoup. Il a toutes les qualités que je recherche chez un employé; je suis sûr qu’il ira loin », conclut-il, avec un sourire dans la voix.