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Le programme PorcBien-être mis en place par le Conseil canadien du porc en 2014 exigera bientôt deux mesures d’enrichissement par stade d’évolution du porc. L’échéancier veut que d’ici 2024, les 2 184 porcheries du Québec devront s’être conformées à ce code. Les mesures d’enrichissement peuvent être par exemple de la musique, une présence humaine accrue dans les enclos ou encore l’introduction de jouets.
Le jeu ne figure pas comme une obligation pour être conforme à PorcBien-être, mais reste un moyen accessible pour stimuler un sentiment de bien-être chez l’animal. Dans les fermes duBreton, qui ont introduit différentes mesures d’enrichissement depuis 15 ans, on permet surtout aux porcs de fouiner. « C’est l’activité la plus simple et la plus naturelle chez le porc, alors nous utilisons surtout de la paille comme matériel d’enrichissement, mais nous avons aussi des cordes et des ballons suspendus », souligne Germain Camiré, coordonnateur des approvisionnements chez duBreton.
Des recherches en Saskatchewan
Le président des Éleveurs de porcs du Québec, David Duval, mentionne que pour mesurer l’efficacité des jouets, son organisation est partenaire de Swine Innovation Porc. Cet organisme canadien visant le développement de la recherche porcine a des installations en Saskatchewan. M. Duval compte beaucoup sur les résultats des recherches effectuées là-bas pour mieux conseiller les producteurs de porcs en matière de jeux.
La Terre a contacté le doctorant Luis Gonzalez qui mène des recherches sur le jeu dans des fermes saskatchewanaises. Ce dernier souligne que le cochon est un animal social et que le fait de jouer renforce les liens entre les animaux, leur permet de mieux négocier les conflits sociaux et donc, de diminuer les blessures. Il classe en trois catégories les jeux qui peuvent leur être bénéfiques. « La première est le jeu locomoteur dans lequel un porcelet court et tourne rapidement ou saute. La deuxième est le jeu par l’objet dans lequel le cochon interagit avec un objet mobile dans son enclos, qu’il le transporte ou le morde. La dernière est le jeu social et on le voit généralement quand ils se poursuivent et se tiraillent entre eux sans conséquences graves. »
Plus de temps réclamé pour se conformer
L’intégration de mesures d’enrichissement nécessite des enclos plus vastes. « On a actuellement 30 à 35 % d’élevages qui sont conformes, mais pour le reste on a demandé plus de délais parce que 2024, c’est trop court », indique David Duval.
C’est exactement ce que pense David Vincent, propriétaire de la Ferme Lyjean, à Sainte-Séraphine au Centre-du-Québec. Celui qui élève 65 000 bêtes par an a besoin de plus de temps, mais aussi d’un soutien financier. « Moi, j’ai complété ma transformation à 50 %. Pour finir les travaux, on parle encore de millions en investissements, alors j’espère que le gouvernement va nous aider davantage », plaide celui qui n’a pas encore décidé s’il allait opter pour les jeux comme mesure d’enrichissement. « Je veux m’informer davantage sur leur valeur, explique-t-il. Au fur et à mesure que le monde s’équipe, je regarde où on s’en va. »
Eddy Verbeeck, collaboration spéciale