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Apparu en Europe au tournant des années 2010, le parrainage de pieds de vignes vient de faire son apparition au Québec. Un tout nouveau vignoble de la Montérégie offre depuis juillet aux amateurs de vins de vivre cette nouvelle approche à l’œnologie.
Richard Généreux et Claudia Côté, tous deux avocats, ont concrétisé au début de l’année un projet familial imaginé au cours de leurs derniers voyages dans l’Ouest canadien. Ils ont acquis une terre de 70 hectares à Saint-Bernard-de-Lacolle, laissée en jachère depuis plusieurs années, pour fonder le Vignoble et domaine des arômes. « La pandémie a accéléré le développement du projet, raconte M. Généreux. La fermeture des palais de justice, à cause du confinement, m’a soudainement laissé beaucoup de temps à consacrer au projet. »
Les nouveaux vignerons ont planté 3000 vignes en juin avec l’idée d’en posséder 15 000 d’ici cinq ans. Ils ne comptent toutefois pas attendre la première production de chardonnay, de pinot noir, de cabernet franc et de riesling, prévue en 2023, pour cultiver leur clientèle. Ils offrent aux amateurs de vin de vivre avec eux l’expérience de construire un vignoble par un programme de parrainage de pieds de vigne.
Ainsi, pour des frais variant de 125 $ à 150 $ le pied de vigne, les parrains et les marraines peuvent participer aux travaux s’ils le désirent. Baptisés « partenaires vignerons », ils ont des accès privilégiés au domaine, en plus d’être invités à des dégustations et des dîners gastronomiques. Les vignes seront identifiées à leur nom, tout comme les étiquettes de leurs bouteilles lorsque la production débutera.
Ces partenaires reçoivent également un reçu fiscal pour dons de charité puisque le Vignoble et domaine des arômes s’est engagé à verser 20 % des frais de parrainage à la Société Saint-Vincent de Paul, bien connue pour ses œuvres de bienfaisance.
Expérience européenne
Un tel programme serait unique au Québec, croit Mélanie Gore, directrice au Conseil des vins du Québec (CVQ). Aux yeux de son président, Louis Denault, cette formule apparaît intéressante avant tout pour se constituer une banque de premiers clients et créer un sentiment de fidélité envers le vignoble. « C’est comme fonder un wine club », dit-il. « On ne voit pas ça souvent au Québec. »
En Europe, toutefois, de tels programmes à saveur œnotouristique fleurissent depuis une dizaine d’années. Plus élaborés, ils permettent souvent aux parrains et marraines de s’initier au travail de la vigne et à la vinification par des stages pratiques, animés par le vigneron.
Les apprentis peuvent aussi participer avec l’exploitant à l’élaboration de leur propre cuvée, dans une barrique dédiée, avant de recevoir les bouteilles issues de leurs ceps « filleuls ». Enfin, ils sont invités à des dégustations exclusives et des formations œnologiques.
Ce parrainage ne permet pas seulement aux amateurs d’y trouver leur plaisir, il permet surtout aux producteurs d’assurer l’écoulement de leur production et de bénéficier d’une avance de trésorerie permettant d’assainir leurs finances.
« Cela nous permet d’avoir des revenus en attendant de pouvoir produire notre vin », mentionne Richard Généreux. « Nous n’avons pas d’objectif précis [de recrutement], mais on serait heureux d’écouler toute notre production auprès de nos partenaires [quand elle débutera]. »