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Un centre de recherche de Baie-Comeau s’affaire à élaborer des régies de production pour quatre petits fruits sauvages de la Côte-Nord. Traditionnellement cueillis dans la région, ces petits fruits méconnus pourraient ainsi être cultivés pour la première fois au Québec.
L’airelle vigne d’Ida, la ronce arctique, la camarine et la chicouté poussent dans les rochers et tourbières des régions nordiques. Les autochtones et les populations de la Côte-Nord les utilisent depuis toujours pour leurs propriétés nutritives et médicinales. Ils ne font présentement l’objet d’aucune culture et c’est pourquoi le Centre d’expérimentation et de développement en forêt boréales (CEDFOB), affilié au Cégep de Baie-Comeau, a entrepris de favoriser la mise en valeur de cette richesse régionale sous-exploitée.
« Les cueilleurs n’arrivent pas à fournir à la demande, surtout pour l’airelle et la chicouté, qui sont très populaires mondialement. Mettre en place les conditions favorables pour leur culture permettra du même coup de protéger la ressource sauvage qui subit la pression de la cueillette intensive», explique Eve-Catherine Desjardins, chercheuse en écologie des petits fruits.
Des cueilleurs professionnels, fermes, MRC et municipalités ainsi que plusieurs acteurs économiques se sont ralliés au projet de recherche qui bénéficie ainsi d’une structure de financement de plus de 5 M$.
Des génotypes récoltés dans la nature et multipliés dans le laboratoire in vitro du centre de recherche ont été implantés ce printemps sur les terres des fermes participantes. Ils font présentement l’objet d’essais en culture, inspirés de méthodes développées dans le nord de l’Europe.
Amendement, paillis, types de tailles, clôture pour retenir la neige, pollinisation par les insectes : plusieurs méthodes seront testées au cours des trois prochaines années afin de déterminer les meilleures régies de culture pour chacun des quatre petits fruits.
Améliorer le rendement
En plus de produire des canneberges, la ferme Les Canneberges de la Côte-Nord récolte les airelles et les chicoutés qui poussent naturellement sur ses terres de Chute-aux-Outardes. Une parcelle expérimentale y a été implantée par le CEDFOB pour en tester la culture. « Ces fruits produisent déjà sans problème puisqu’ils poussent naturellement ici, mais avec des génotypes sélectionnés pour leurs fruits plus gros, différents terreaux et paillis, on verra s’il y aura une amélioration du rendement. Créer un environnement plus contrôlé sera un plus! » mentionne la technicienne agricole Geneviève Labelle.
Des essais sont également en cours à la ferme du Grenier Boréal. La coopérative agricole située à Longue-Pointe-de-Mingan s’est spécialisée en cueillette de plantes et de fruits sauvages. Selon Alex Beaudin, cultiver la chicouté permettrait de sauver du temps en densifiant la ressource. « Seuls les plants femelles produisent des fruits et ils sont disséminés à travers la tourbière, ce qui demande beaucoup de déplacement. Sélectionner des plants femelles et les regrouper pourrait être avantageux », estime-t-il.
Le projet de recherche du CEDFOB vise à développer des régies de culture empruntant le modèle de l’économie circulaire. Les sous-produits des industries du bois et de la pêche, présentes dans la région, sont utilisés pour les paillis et les amendements. De multiples retombées pour la région sont donc espérées avec ce projet.