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Danielle Ricard l’admet sans ambages : elle se sent dépassée par cette saison touristique placée sous le signe du coronavirus. À l’instar d’un grand nombre d’attractions agrotouristiques au Québec, sa champignonnière située à La Malbaie dans Chalevoix est prise d’assaut par les vagues de touristes partis à la découverte du Québec à défaut de destinations outre-frontières.
« Honnêtement, je ne comprends pas ce qu’il se passe. J’ai l’impression que, non seulement on aime les champignons, mais que le pouvoir d’achat des gens est soudainement décuplé », affirme la copropriétaire de Champignons Charlevoix, abasourdie d’avoir vu les ventes du dernier mois égaler son chiffre d’affaires des trois dernières années.
Cette arrivée massive de touristes gourmands n’est pas anecdotique. Au Saguenay–Lac-Saint-Jean, les producteurs ont enregistré de fortes hausses de leur achalandage et de leurs ventes depuis le début des vacances, selon un sondage non-scientifique effectué par la Table agroalimentaire du Saguenay–Lac-Saint-Jean.
« Il y a plus de gens de la région chez les producteurs, mais la grosse tendance est l’afflux de touristes de Québec et de Montréal », explique Bénédicte Armstrong, responsable des communications.
Karine Morin, vice-présidente du réseau Terego, peut en témoigner. Sa clientèle, composée de propriétaires de véhicules récréatifs désireux de s’installer un jour ou deux dans le stationnement d’une entreprise agrotouristique pour découvrir les produits locaux, a carrément doublé cette saison. Le nombre moyen de réservation par producteur s’est accru de 50 %. « Pour plusieurs, ces touristes permettent de compenser les pertes enregistrés avec la fermeture des restaurants et des marchés. »
Cette nouvelle clientèle est accueillie à bras ouverts par Nathalie Kerbrat, propriétaire de l’Érablière du sanglier, à Lachute dans les Laurentides. L’annulation de sa saison des sucres avait mis à mal la santé financière de son entreprise, le printemps dernier, avec la perte de quelque 3000 réservations causée par la fermeture de sa table champêtre en raison des contraintes sanitaires.
« Mais la hausse de l’achalandage des touristes de passage a compensé cette perte-là. Mon chiffre d’affaires a augmenté de 50 % par rapport à la moyenne des dernières années. Et nous ne sommes qu’à la moitié de l’été. Sans l’agrotourisme, j’aurais zéro », souligne-t-elle.
En début de saison, Élise Lepage éprouvait aussi de grandes craintes devant l’absence annoncée des touristes internationaux, si précieux pour l’économie gaspésienne. Mais les appréhensions de la propriétaire de Bio Culture Lepage, à Sainte-Anne-des-Monts, se sont rapidement envolées : ses champs de framboises, de bleuets et de cassis ont été envahis par les touristes québécois. Résultat : ses ventes ont presque doublé.
Contrôle de l’affluence
Cette hausse d’achalandage apporte aussi son lot de difficultés. Même si le resserrement des mesures sanitaires est presque toujours bien accepté, le contrôle de l’affluence ne se fait pas sans heurts. « C’est sûr que ça brasse un peu plus. Les gens sont curieux, ils se promènent partout. On doit leur dire de rester à leur place assignée », raconte Mme Lepage, qui a resserré ses heures d’ouverture pour exercer un meilleur contrôle de ses champs.
« C’est une autre clientèle, plus habituée au tout-inclus », confirme Mme Ricard, des Champignons Charlevoix. « C’est toujours plate de se faire dire sur les réseaux sociaux que nous sommes un attrape-touristes par quelqu’un. Il n’a peut-être pas apprécié sa visite, mais on l’offre gratuitement pour faire plaisir aux gens. »