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VAL-DES-MONTS — Le soleil de plomb qui mouille les tempes des Bertrand leur donnerait bien envie d’une escapade en camping. Mais l’élevage de poulets et la culture maraîchère ne leur permettent plus de s’évader ainsi. Père et fils triment dur, ensemble, pour faire grandir l’entreprise, avec tous les défis que ça représente.
L’histoire de la famille Bertrand commence par hasard, il y a 20 ans. Alors agronome, Sylvain parcourt les petites annonces dans La Terre de chez nous. Un petit poulailler de Val-des-Monts, tout près de Gatineau, est à vendre. Coup du destin ou coup de tête, le temps de visiter, son idée est faite : la ferme deviendra son nouveau bureau.
Mais l’universitaire se lance dans l’élevage de volailles au moment où il élève sa famille. Papa de deux garçons de 4 et 6 ans à l’époque, l’homme de 59 ans avoue aujourd’hui qu’il n’y serait jamais arrivé sans sa conjointe, Suzanne Laplante. « La moitié du temps, on vivait sur son salaire et on réinvestissait les profits [de la ferme]. » Et s’il assistait aux parties de baseball de ses fils, il le faisait souvent en effectuant sa comptabilité.
Corvées de famille
À 26 et 24 ans, Élie et Samuel Bertrand comprennent que leur père bâtissait son entreprise de toutes pièces. La maison familiale étant située à 20 minutes de la ferme, leur présence sur cette dernière était rythmée par les corvées nécessitant des bras. « On n’avait pas de machinerie au début. Quand j’achetais un 53 pieds de litière, les gars invitaient leurs amis pour décharger le camion », se souvient Sylvain. Une activité alléchante pour des ados affamés. Payés en ailes de poulet, ils allaient ensuite lâcher leur fou sur le terrain de paintball aménagé exprès dans la forêt adjacente. « Si nos amis voulaient jouer au paintball, il fallait travailler », rigole Samuel, le cadet.
Aujourd’hui, Samuel gère la commercialisation des produits de la ferme et Élie, la production et la maintenance. Fiers de contribuer à une entreprise qui n’a jamais cessé de croître en taille et en notoriété, ils reconnaissent toutefois que la cellule familiale peut être mise à rude épreuve. « C’est un défi de tracer une ligne pour se voir comme collègues le jour et comme famille le soir », confirme Élie. Mais cette relation quasi fusionnelle constitue aussi une grande force. « La famille, c’est notre point de repère », conclut Sylvain, qui s’organise pour que le transfert de la ferme n’ait cette fois rien d’un hasard.
De quoi célébrer Reconnue pour ses gros poulets élevés sans antibiotiques en respectant le rythme de croissance de l’animal, Aux Saveurs des Monts a soufflé ses 20 bougies le 1er août. Travailleur acharné maintenant épaulé par 25 employés, Sylvain Bertrand a su faire grimper son chiffre d’affaires annuel de 40 000 $ à 2 M$. La ferme produit aujourd’hui 35 000 poulets et 2 000 dindes annuellement. Une boucherie, une cuisine et une boutique facilitent la transformation et la vente de produits sur place, aux côtés de ceux d’autres producteurs locaux. À cela s’ajoute la culture récente des fraises et du maïs sucré à partir d’un second site. |
Caroline Chrétien, collaboration spéciale