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Si les Éleveurs de volailles du Québec (ÉVQ) prévoient retrouver un rythme de production presque normal d’ici la fin de l’été, ils sont encore éprouvés par la pandémie. Estimant avoir perdu pas moins de 22 M$ depuis ce printemps, ils réclament maintenant l’aide de Québec afin de couvrir les pertes encourues des producteurs de poulets et de dindons pendant le ralentissement de leurs activités.
Au début juin, les ÉVQ ainsi que les Producteurs d’œufs d’incubation, les Couvoiriers du Québec, l’Association québécoise des industries de nutrition animale et céréalière (AQINAC) et le Conseil québécois de la transformation de la volaille (CQTV) ont fait parvenir une lettre au ministre de l’Agriculture, André Lamontagne, afin d’obtenir un soutien financier gouvernemental.
Les intervenants lui demandent notamment une intervention du programme Agri-Relance afin de couvrir « les coûts supplémentaires liés à la réduction subite et exceptionnelle des placements de poulets et de dindons à la suite de la situation de la COVID-19 ». Les ÉVQ évaluent les pertes nettes des producteurs de poulets à 11 M$ depuis la décision de réduire les volumes de 15 %, le 6 avril dernier. Même chose pour le dindon, qui a dû couper sa production de 14 % au même moment.
Le président des ÉVQ, Pierre-Luc Leblanc, explique que ses membres ont dû absorber les mêmes coûts de production qu’à l’habitude malgré la baisse des volumes. « Les producteurs ont perdu 15 % de leurs revenus, mais ils ont dû continuer à chauffer leur bâtisse. Ils ont dû absorber les coûts d’électricité, d’entretien et de main-d’œuvre même s’il y avait moins de têtes vendues », déplore-t-il.
« On s’attend à ce que le gouvernement comprenne notre signal, poursuit-il. On veut s’assurer d’être compensés comme les autres industries ».
Pour la prochaine période de production, les ÉVQ prévoient une baisse limitée à 2 % de leur volume habituel. Les projections sont encourageantes, d’autant plus que l’effet du barbecue se fait déjà sentir, souligne M. Leblanc.
La fédération demande également à Ottawa la possibilité de limiter les importations de viande afin de « donner une chance » au marché domestique de retrouver son niveau normal, souligne M. Leblanc.
Éviter l’abattage humanitaire
Même si la filière reprend du mieux, « nous ne sommes pas encore à l’abri de la fermeture de l’un de nos transformateurs », soutiennent les ÉVQ. Cette crainte s’était manifestée avec l’éclosion des cas de COVID-19 au sein de plusieurs usines d’abattage, dont celles d’Exceldor. Et c’est, entre autres, pour cette raison que les transformateurs ont dû diminuer leur rythme d’abattage.
Dans ce contexte et celui du ralentissement du secteur des HRI (hôtellerie, restauration et institutions), les ÉVQ ont pris la décision en mai d’euthanasier 200 000 poussins et de détruire 2,3 millions d’œufs d’incubation avant leur éclosion. Bien que difficile, M. Leblanc réitère que c’était la meilleure décision à prendre. « On a agi par prudence, de peur de devoir abattre des animaux », affirme-t-il.
La directrice générale des Couvoiriers du Québec, Julie Boudreau, abonde dans le même sens. Non seulement, il fallait éviter les abattages humanitaires, mais aussi prendre des mesures pour éviter la propagation du virus entre les employés dans les installations. Les couvoiriers ont ainsi convenu de déployer moins d’employés au « sexage » des poussins à la naissance pour respecter le deux mètres autour des carrousels. « Il y a eu un allègement », reconnait Mme Boudreau, soulignant qu’il était impossible d’amoindrir cette mesure.
Les abattoirs se sont donc retrouvés avec une partie de ce travail de sexage, indique Mme Boudreau. M. Leblanc reconnaît à quel point les abattoirs « en ont pris gros » sur leurs épaules avec la multiplication des mesures sanitaires à prendre et les goulots d’étranglement que la crise a provoqués.
Et à ce jour, le problème demeure entier pour Exceldor. « Les fonds que le gouvernement fédéral nous proposent sont insuffisants par rapport aux besoins réels de notre industrie », affirme la porte-parole Gabrielle Fallu. Du côté d’Olymel, on estime à plus de 20 M$ les sommes investies en temps, en ressources et en matériel pour protéger les employés dans les usines. Cette entreprise réclame aussi sa part gouvernemental du gâteau.