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Le Réseau d’aide aux travailleuses et travailleurs migrants agricoles du Québec (RATTMAQ) a récemment déposé trois plaintes officielles, à la fois à la CNESST et au gouvernement fédéral, parce que des exploitants agricoles auraient facturé à leurs travailleurs étrangers temporaires (TET) des frais de nourriture et d’hébergement, durant la période d’isolement obligatoire, lesquels sont déjà remboursés par Ottawa.
« En fait, je dois avoir reçu 30 plaintes de cet ordre dans les derniers mois. Le problème, c’est que ces plaintes ne mènent pas toutes à des démarches officielles, parce que les travailleurs ont peur de donner leur nom, ils ont peur des représailles », indique Michel Pilon, coordonnateur du RATTMAQ. Or, les travailleurs dont les plaintes se sont rendues aux autorités officielles, indique-t-il, disposaient de preuves irréfutables des faits allégués, notamment des factures et des photos, ce qui aurait convaincu M. Pilon d’aller de l’avant avec les démarches, et ce, même si les plaignants n’ont pas voulu s’identifier. « Les exploitants agricoles concernés devraient recevoir la visite d’enquêteurs, on verra ce que ça donnera. »
Des frais « nettement au-dessus » des normes
Contactée par La Terre, la CNESST n’a pas voulu accuser réception de ces plaintes, étant donnée la « nature confidentielle des informations », mais elle a confirmé que les frais d’hébergement pendant la période de la quarantaine, selon le protocole en place, sont normalement à la charge de l’employeur. Pour ce qui est des repas, selon le contrat de travail en vigueur, un remboursement maximum de 29,67 $ par semaine peut être facturé au travailleur par l’exploitant agricole qui fournit la nourriture. Or, selon Michel Pilon, les frais exigés par les employeurs faisant l’objet de plaintes sont « nettement au-dessus de ce que les normes prévoient ». Rappelons par ailleurs qu’un montant de 1500 $ par TET est versé par le gouvernement fédéral cette année aux agriculteurs pour couvrir les frais additionnels qu’exige la période d’isolement obligatoire de 14 jours – nourriture, hébergement, salaires. « Normalement, la plupart des travailleurs paient leur épicerie, c’est normal. Mais dans ce cas-ci, tu ne peux pas charger autant d’argent à tes employés, en plus de retirer de l’argent du fédéral, ça n’a pas de sens », s’insurge M. Pilon.
Des cas d’exception
Au moment d’écrire ces lignes, le coordonnateur du RATTMAQ affirmait être sur le point de déposer des plaintes à l’endroit d’un exploitant agricole qui enverrait l’un de ses TET travailler dans d’autres fermes. L’employeur ferait de l’argent sur le dos du travailleur en facturant aux agriculteurs 20 $ de l’heure pour ses services, alors que lui ne recevrait que le salaire minimum. La semaine dernière, Radio-Canada rapportait par ailleurs le cas du TET mexicain Joni Ismael Velazquez, qui se serait sauvé de la ferme qui l’embauche dans Chaudière-Appalaches parce qu’il disait travailler sept jours sur sept, remarquer que de l’argent manquait sur ses payes et être victime d’insultes de son employeur. Ces cas, nuance toutefois M. Pilon, seraient exceptionnels. « La majorité des agriculteurs traitent bien leurs employés ». De son côté, le président de l’Union des producteurs agricoles, Marcel Groleau, affirme que son organisation dénonce toute forme d’abus envers les TET. Il rappelle que ces travailleurs ont des droits et que les producteurs reconnus fautifs sont passibles de peines graves, allant jusqu’à la perte de leur statut d’employeur étranger.