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Le complexe et délicat débat sur les pesticides continue de faire du bruit dans le milieu agricole. Après Joël Laberge, ce producteur de miel de la Montérégie qui a perdu 800 ruches d’un coup le 5 juin, au tour de Nicolas Bélanger de faire une sortie pour signaler la mort du quart de ses abeilles l’an dernier, en Gaspésie. Les Apiculteurs et apicultrices du Québec assurent ne pas lancer la pierre aux producteurs de grains lorsque pareille situation survient, mais souhaitent entamer des discussions avec eux pour trouver des solutions avantageuses aux deux parties.
Pas équipé pour tester
Joël Laberge affirmait la semaine dernière avoir eu un suivi du ministère de l’Agriculture (MAPAQ) quant à l’enquête effectuée sur la perte de ses ruches. Les équipements du MAPAQ, explique l’apiculteur de Saint-Stanislas-de-Kostka, ne seraient pas adaptés pour détecter et tester adéquatement les concentrations de pesticides tels que le glyphosate et le dicamba. « Les tests n’ont pas été concluants, ça a sorti négatif », dit-il. Le MAPAQ, lui, a refusé à
La Terre le droit de prendre connaissance du résultat de l’enquête, expliquant ne pas pouvoir « commenter de cas particuliers, en vertu de la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels ».
Herbicides sous prescription
« Nous nous positionnons contre certains produits et non contre les agriculteurs. Tout ce qu’on veut, c’est travailler avec les producteurs », a commenté le président des Apiculteurs et apicultrices du Québec, Stéphane Leclerc, proposant notamment que tous les pesticides soient dorénavant appliqués sous prescription. Le premier vice-président de l’organisation, Raphaël Vacher, ajoute avoir conscience que la mort d’abeilles peut être liée à plusieurs facteurs et pas juste à l’application de pesticides. Plusieurs nuances, dit-il, sont à prendre en considération dans ce débat.
Le président des Producteurs de grains du Québec, Christian Overbeek, estime quant à lui que l’ajout d’encadrements et de restrictions ne réglera pas le problème. « Nous sommes très ouverts à entrer en conversation avec les apiculteurs. Ce que nous devons faire, c’est continuer d’informer et de sensibiliser les agriculteurs aux bonnes pratiques culturales », soutient-il. Le directeur général de l’organisation, Benoît Legault, assure quant à lui que les agriculteurs ont beaucoup réduit l’application d’herbicides depuis 10 ans. L’utilisation de néonicotinoïdes, par exemple, est presque inexistante aujourd’hui.
Des primes aux cultures favorables aux abeilles
Les Apiculteurs et apicultrices du Québec souhaitent par ailleurs que des primes soient offertes par la Financière agricole ou le MAPAQ aux agriculteurs qui adoptent des pratiques bénéfiques pour les pollinisateurs et qui favorisent la diversité florale au champ. Benoît Legault a répondu que son organisation ne s’opposera jamais à des mesures de rémunération de biens et services agroenvironnementaux et à un soutien de l’État pour l’amélioration des techniques de travail.
30 % de pertes en raison du froid Raphaël Vacher, premier vice-président des Apiculteurs et apicultrices du Québec, explique qu’un apiculteur peut perdre 5 à 10 % de ses abeilles après chaque hiver « quand ça va bien ». « Souvent, c’est plus. En fait, un producteur de miel aura plus de 40 % de pertes une fois aux dix ans, mais c’est lié à plusieurs facteurs », explique-t-il, estimant que les pesticides ne sont qu’une partie de l’équation. Le manque de diversité végétale et la météo peu clémente affaiblissent aussi les abeilles. « Il a fait très froid ce printemps », rappelle le producteur de miel du Saguenay. S’il chiffrait ses pertes à 10 % en avril, il calculait à la mi-mai qu’elles avaient bondi à 30 % seulement à cause du froid. |