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Les médecins vétérinaires possèdent de nombreuses années d’expérience à gérer les épisodes d’infection à coronavirus, que ce soit dans le cas de la bronchite infectieuse chez la volaille ou encore dans celui de la diarrhée épidémique porcine.
Tout d’abord, il n’y a à ce jour aucune évidence que le virus de la COVID-19 se transmet des porcs ou des poulets aux humains. Le virus affectant actuellement la population humaine et ceux affectant porcs et volailles sont différents. En fait, ils ne sont même pas du même groupe.
Les coronavirus, ou coronavirinae, sont divisés en quatre groupes : alpha, beta, delta et gamma coronavirus. Alors que le coronavirus causant la COVID-19 est un betacoronavirus, celui causant la bronchite infectieuse aviaire est un gammacoronavirus.
Malgré les différents groupes, on peut faire certains parallèles entre ces virus d’une même sous-famille. Tout d’abord, le coronavirus est un virus à acide ribonucléique (ARN) enveloppé. Qui dit virus enveloppé, dit enveloppe lipidique et donc un virus qui est très sensible aux détergents et désinfectants. C’est d’ailleurs la première ligne de défense dans un épisode de bronchite infectieuse. Laver et désinfecter le poulailler après un épisode est essentiel. Si on fait un parallèle avec la COVID-19, on comprend pourquoi il est si important de se laver les mains.
Le coronavirus est donc un virus ARN, c’est-à-dire qu’il doit faire un double miroir de son matériel génétique pour exploiter l’usine à protéines qu’est la cellule qu’il infecte, car, contrairement aux bactéries, un virus est incapable de se multiplier seul. Le virus a absolument besoin d’une cellule hôte pour sa multiplication. Ainsi, pour utiliser l’ADN de cette cellule, le coronavirus doit faire une image miroir de son ARN, et ce faisant, peut faire des erreurs. Elles peuvent se produire tout au cours du processus de réplication et on assiste alors à des phénomènes de mutations, l’apparition de variants et de nouvelles souches. C’est donc un phénomène bien reconnu pour les virus ARN, tels que l’influenza aviaire et la bronchite infectieuse aviaire.
Le contrôle des virus
Pour contrôler une maladie virale, la vaccination est l’une des solutions les plus efficaces. Par contre, dans le cas de la bronchite infectieuse et de ses nombreuses souches et variants, la protection entre les différentes souches virales n’est souvent au mieux que partielle. Dans le cas de la COVID-19, selon les analyses géomiques, un seul type semble circuler ce qui est rassurant pour l’avenir d’un vaccin efficace.
Le Québec a connu son lot de différentes souches de bronchite faisant leur apparition : la souche QuMV qui causait des infections respiratoires chez les poulets et plus récemment, la souche DMV qui, non seulement cause des problèmes respiratoires, mais affecte aussi les pondeuses. Ces nouvelles souches se répandent rapidement dans les troupeaux lorsqu’elles apparaissent. Ce virus très contagieux se transmet facilement. Le coronavirus se transmet via les gouttelettes, par aérosol et en contaminant des surfaces, etc. Dans le cas de la bronchite infectieuse, les particules virales sont excrétées non seulement par la voie respiratoire, mais aussi par les fientes. Le virus est présent approximativement pour deux semaines dans le système respiratoire supérieur des poulets. Il passera par la suite lors dans les intestins des oiseaux et peut y survivre plusieurs semaines.
Il y a un parallèle entre les coronavirus affectant les animaux et ceux affectant les humains. Avec l’émergence de nouvelles maladies, on peut souligner l’importance du concept « une seule santé ». Afin de lutter efficacement contre les maladies infectieuses, la santé des humains, des animaux et de l’environnement sont étroitement liées. Alors, que fait-on pour contrôler un épisode de bronchite infectieuse chez des poulets quand un vaccin n’est pas disponible? On retourne à la base, soit la biosécurité pour éviter l’entrée du virus dans un poulailler et réduire les risques d’exposition, le lavage et la désinfection, puis éventuellement, une immunité se développera dans la population.
Dre Martine Boulianne, DMV, PhD, DACPV, Chaire en recherche avicole, Faculté de médecine vétérinaire, Université de Montréal