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Ventiler le silo à l’aide du souffleur à fourrage n’était pas suffisant pour permettre l’entrée sécuritaire du jeune producteur Nicholas Lanciaux, mort intoxiqué par les gaz qui s’étaient accumulés dans cet espace clos, le 27 juillet dernier, à la Ferme Melga de Dixville, en Estrie.
C’est ce que conclut la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) dans son rapport, rappelant du même coup que seule la détection des gaz (O2, CO2, NO et NO2) permet de vérifier si la ventilation est efficace et si l’atmosphère est sécuritaire dans les silos.
Le jour de l’accident, M. Lanciaux devait niveler l’ensilage du silo à l’aide d’une fourche pour installer une toile et des boudins. Il est donc monté à une hauteur d’environ 21 mètres du sol par l’échelle située dans la chute du silo pour ouvrir une porte menant à l’intérieur. Son collègue, qui l’attendait en bas, l’a entendu prendre une ou deux grandes inspirations et il l’a ensuite vu tomber au sol. Les secours ont été appelés et la victime a été transportée à l’hôpital, où son décès a été confirmé.
À la suite de l’accident, la CNESST a interdit l’accès à l’intérieur des silos et des chutes de silos de la Ferme Melga. Une procédure d’entrée en espace clos a été exigée avant que le travail ne puisse reprendre. L’employeur a également mandaté une firme spécialisée afin de poursuivre les travaux en espace clos nécessaires au bon fonctionnement de la ferme.
Avoir un détecteur, « c’est vraiment la base »
L’inspecteur de la CNESST en Estrie, Sylvain Roy, est catégorique : il est impératif de détecter les gaz même si l’espace clos a été ventilé. « C’est vraiment la base », dit-il sans détour.
Mais malheureusement, encore trop peu de producteurs possèdent un détecteur, qui est pourtant obligatoire pour respecter la procédure complète d’entrée en espaces clos. C’est ce que l’inspecteur a pu constater lors des ateliers de prévention qui ont été organisés dans sa région cet automne. « On pense que quelques personnes ont commencé à s’équiper d’un détecteur de gaz. Mais le nombre est probablement très minime. C’est encore loin d’être universel », affirme-t-il.
De plus, M. Roy estime qu’il y a encore une perception tenace dans le milieu agricole, selon laquelle ventiler les lieux suffit. Cela n’a plus lieu d’être, réitère M. Roy , car visiblement, Nicholas Lanciaux avait ventilé le silo de 30 à 60 minutes avant les travaux et il y a tout de même laissé sa peau. Le silo était rempli à 70 % de luzerne et l’espace libre était trop grand pour que la ventilation soit efficace, précise l’inspecteur.
À l’automne dernier, le père de Nicholas, Gilles Lanciaux, s’était confié à La Terre sur les nombreux témoignages de victimes silencieuses des gaz de silo qu’il avait reçus lors des funérailles de son fils. « Tout le monde, à un moment donné ou un autre, a connu des épisodes comme ça [d’intoxication subie par eux-mêmes ou par leur entourage]. La marge entre y rester ou s’en sortir est mince », avait-il dit.
« On a tellement peu de jeunes bons agriculteurs, s’il faut qu’on les perde comme ça! […] Nicholas, c’était mon fils, mon partenaire de travail pis mon chum », avait soufflé le père, la voix cassée.