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Oui, il y a effectivement un retour à la campagne. Statistique Canada confirme que la population vivant dans des zones de 1000 habitants et moins a augmenté de 5,3 % au Québec entre 2001 et 2006 alors que la hausse n’est que de 4 % dans les centres urbains.
Ce retour intéresse tous les groupes d’âge, trouver du travail constituant le principal défi pour les jeunes. Il faut souvent être prêt à consentir certains sacrifices. La nature, la tranquillité et la solidarité d’une petite communauté représentent en contrepartie de solides incitatifs. L’absence d’Internet haute vitesse et la pénurie de maisons dans les rangs constituent souvent un obstacle. Nous verrons cette semaine l’importance d’entretenir des rapports de bon voisinage avec les agriculteurs
Partager la campagne
Il arrive parfois que la présence de ces nouveaux venus dérange. Des agriculteurs se plaignent d’être embêtés par des néoruraux qui leur reprochent, par exemple, la boue laissée sur les routes par les roues de leur tracteur à la sortie des champs ou le bruit des séchoirs à grain.
Une erreur fréquente que commettent ceux qui s’installent dans un rang est de planter une rangée de cèdres ou de clôturer leur propriété afin de délimiter leur territoire et de se séparer, du moins symboliquement, de leurs voisins. Selon le professeur Gérald Domon, responsable de la Chaire en paysage et environnement de l’Université de Montréal, cela va à l’encontre de l’esprit de solidarité et de communauté qui s’est développé lors de la colonisation des campagnes : « Un rang, ce n’est pas une route. C’est une entité sociale. Avant, il y avait l’école de rang, la chapelle de rang. Même si cela a disparu, l’esprit d’entraide demeure. »
Certains agriculteurs voient aussi les néoruraux comme des gens qui les empêchent d’exercer leur métier comme ils le veulent. Ouvrir la discussion est souvent la clé de la solution.
« C’était une belle journée de printemps. Je faisais la vaisselle lorsque j’ai vu un nuage de bruine s’avançant vers la maison. Ça venait de la grosse machine de l’agriculteur qui épandait des pesticides sur le champ juste à côté », raconte Christiane en parlant de ses premiers mois à l’Ange-Gardien. « J’étais en maudit. Ma petite dormait et les fenêtres étaient ouvertes. Je les ai fermées, puis j’ai mis des lunettes et un foulard sur mon visage pour me couvrir. Je suis sortie voir l’agriculteur pour lui dire que ça n’avait pas de bon sens de répandre des pesticides quand le vent soufflait vers la maison. Et j’ai été insultée quand il m’a traitée de fille de la ville… J’ai grandi en campagne moi! »
La rencontre entre ruraux et néoruraux est rarement aussi brutale. Et dans ce cas ci, elle se termine bien. «Plus tard, on s’est assis pour discuter. Il n’a jamais plus arrosé son champ lorsqu’il y a du vent. En plus, il baisse sa rampe et il ralentit près de la maison. C’est un gars sympathique», dit Christiane.
Les nouveaux arrivants sont généralement bien perçus par les ruraux. Ils réalisent que cet apport de sang neuf est essentiel pour garder l’école ouverte, pour maintenir le bureau de poste ou la caisse populaire, pour faire vivre l’épicerie ou la station-service. Bref, les néoruraux permettent à des villages de rester en vie.
Ainsi, les couples avec enfants rajeunissent une population vieillissante. De leur côté, les retraités s’engagent beaucoup dans la vie communautaire. Plusieurs font du bénévolat. Ils apportent aussi leur expertise au conseil municipal. En effet, les retraités issus de l’appareil gouvernemental ou du monde des affaires sont branchés dans des réseaux qui sont mis à contribution pour obtenir une subvention ou des conseils techniques. « Ils ont développé des expertises qui constituent une grande richesse pour les villages», dit le maire de Baie-Saint-Paul, Jean Fortin, en parlant de ces retraités.
Les néoruraux contribuent aussi à diversifier les économies régionales, notamment l’industrie touristique ou l’agriculture, deux secteurs qui travaillent de plus en plus main dans la main.
Mais les changements se sont aussi fait sentir ailleurs : « Avant, il n’y avait rien au niveau des loisirs, parce que ça n’intéressait pas l’ancien conseil. Maintenant, on encourage les cours du soir ou les activités sportives et culturelles ». Mais Jean-Pierre Brouillard, un gars de la campagne, qui s’est fait élire comme conseiller municipal à Saint-Cyprien-de-Napierville, ne balaye pas du revers de la main l’agriculture. Deux conseillers proches des agriculteurs ont été intégrés au conseil de Saint-Cyprien où tous ont été élus par acclamation aux élections municipales de novembre dernier. Une cohabitation harmonieuse est donc possible malgré des dossiers épineux à l’occasion.
Pour plus de renseignements, visitez le site Solidarité rurale du Québec