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Bien que l’industrie de la pomme de terre ait connu quelques années difficiles au Québec, la production va bon train depuis trois ans, notamment du côté du marché de la table, qui offre de bons prix aux agriculteurs.
Selon le plus récent Portrait-diagnostic sectoriel de l’industrie de la pomme de terre, produit conjointement par la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec et le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, le prix moyen pondéré de la patate a connu une progression de 36 % au Québec, de 2008 à 2017, et a été en moyenne de 21 % plus élevé que celui des autres principales provinces du Canada. Le phénomène, selon le rapport, est entre autres explicable par le fait que plus de 50 % de la production de pommes de terre au Québec est destinée au marché de la table. Les autres provinces, pour leur part, misent davantage sur la transformation, où la rémunération est moindre.
Malgré des prix profitables pour les agriculteurs dans le marché frais, on remarque que les rendements sont généralement plus faibles et que les coûts de mise en marché – triage, qualité, emballage, livraison, escompte, publicité – sont plus importants que dans les autres provinces. Ce phénomène aurait donné beaucoup de fil à retordre à l’industrie québécoise, il y a à peine quelques années, explique Francis Desrochers, président des Producteurs de pommes de terre du Québec (PPTQ).
« Il y a 15 ans, notre association comptait environ 400 producteurs, alors qu’aujourd’hui, elle en compte plutôt 250, parce que plusieurs ont quitté le milieu », dit-il.
Pour remédier au problème, raconte-t-il, les PPTQ se sont associés il y a quelques années à l’Association des emballeurs de pommes de terre du Québec pour démontrer concrètement aux épiciers combien coûte à un agriculteur la production d’un sac de 10 livres de patates, incluant l’emballage du produit. Le but de l’exercice, explique M. Desrochers, était de trouver un terrain d’entente et d’établir des barèmes de prix qui soient profitables aux deux parties.
« Ça a fonctionné. Depuis trois ans, les producteurs de pommes de terre ne subissent pas les contrecoups des rabais en épicerie, par exemple. Avant, lorsque les épiciers s’approvisionnaient en patates pour les vendre à rabais, ils offraient moins aux producteurs. Aujourd’hui, ils nous offrent la même somme pour les pommes de terre à prix régulier et à rabais, alors qu’avant, ils nous offraient parfois 0,99 $ par 10 livres, alors que ça nous coûte environ 2 $ à produire. On perdait plus d’un dollar chaque fois; ça n’avait aucun sens », ajoute-t-il, assurant qu’à l’heure actuelle, les agriculteurs réussissent plutôt à obtenir des prix variant entre 2,25 $ et 2,50 $ par sac de 10 livres.
« Chaque année, on s’assoit avec les épiceries et selon la situation du marché, on s’entend sur un prix », assure le président des PPTQ.
Des opportunités dans la transformation et l’exportation
En 2020, environ 50 % de la production de pommes de terre est destinée à la table, suivie par le prépelage (25 %), la croustille (15 %) et les semences (10 %), indique la coordonnatrice pour la mise en marché des PPTQ, Michelle Flis. Par ailleurs, selon les données comptabilisées dans le Portrait-diagnostic sectoriel, toutes ces catégories ont connu une progression sur le plan des ventes (moyenne de 15 %), de 2008 à 2017. Le prépelage est le secteur ayant le mieux progressé, avec des volumes de production en hausse de 70 % et des ventes qui ont augmenté de 52 %. La croustille, dont la production a été maintenue sur 10 ans, a connu quant à elle des ventes en progression de 22 %, tandis que le marché de la table a vu ses ventes et son rendement grimper de 8 %.
« Le marché de la table va bon train en ce moment et les prix sont très avantageux pour les agriculteurs, mais on remarque aussi des opportunités du côté de la croustille et de la frite », fait remarquer Mme Flis. Les Québécois, poursuit-elle, pourraient profiter du gel des sols dans l’ouest du Canada et des États-Unis remarqué cette année et de la difficulté des usines de transformation à s’approvisionner pour y exporter des pommes de terre. Par contre, une hausse des prix « substantielle » sera nécessaire, dit-elle, pour que les agriculteurs du Québec acceptent de semer en plus grande quantité et ultimement d’alimenter en patates les usines de l’Ouest.
« Actuellement, les volumes produits au Québec n’engendrent pas de pertes. Le marché est ouvert dans l’Ouest et il y a des opportunités à saisir, mais pour approvisionner les usines de transformation, il faudrait planter plus, ce que les producteurs refusent de faire actuellement, parce que les prix offerts sont trop bas pour que ça en vaille la peine », conclut-elle.