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Le Québec compte désormais moins de dix petites et moyennes laiteries sur son territoire; six issues du domaine privé et une coopérative.
À celles-ci, s’ajoutent quatre producteurs-transformateurs qui utilisent du lait en classe 1, donc destiné à la production de lait frais, de breuvages laitiers ou de crème fraîche.
En tenant compte des achats effectués par Liberté, exclue de cette courte liste puisque passée sous le giron de Yoplait en décembre dernier, ces petites laiteries ont acheté 6,7 % de tout le lait destiné à la classe 1, selon des données fournies par la Fédération des producteurs de lait du Québec. En fait, les trois grandes entreprises laitières (Agropur, Parmalat et Saputo) ont utilisé 93,3 % des 660 millions de litres de lait destinés à cette classe, cette dernière comptant pour 23,5 % des 2,8 milliards de litres de lait produits au Québec durant l’année laitière 2009-2010.
Quel avenir?
Pour le président-directeur général du Conseil des industriels laitiers du Québec (CILQ), Pierre Nadeau, l’importance des petites laiteries régionales va bien au-delà de leur apport économique. « Quand une laiterie régionale meurt, des emplois sont perdus certes, non seulement dans cette entreprise, mais partout où elle avait des ramifications. Et toutes proportions gardées, l’impact est plus grand en région que dans une métropole. La perte est toutefois encore plus profonde. Les gens ont l’impression que c’est quelque chose d’eux qui disparaît alors, une présence, une richesse, quelque chose comme l’extension de leur famille, car ces laiteries sont enracinées dans notre milieu depuis très longtemps. Et c’est habituellement irremplaçable, phénomène démenti par la Laiterie de l’Outaouais, un cas exceptionnel. » Comment les aider à survivre? « Je crois qu’il faut les aider à être les plus efficaces possible parce qu’elles vont toujours avoir plus de difficultés que les entreprises qui produisent à grande échelle. Cela dit, on ne peut pas contrôler l’évolution de l’économie. Je crois que la solution passe par le développement d’une loyauté à l’égard des produits laitiers régionaux. »
Président du Groupe AGÉCO, Michel Morisset est loin de souhaiter le pire aux petites laiteries indépendantes. Il estime toutefois que leur survie est loin d’être assurée dans le contexte actuel. « Les laiteries, qu’elles soient petites ou grosses, mettent habituellement en marché un produit peu différencié, de masse. Certains détaillants s’en servent comme produit d’appel pour attirer la clientèle en vendant au prix minimum fixé par la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec, ce qui fragilise les plus petites laiteries. À moins de bénéficier d’un attachement régional fort, ça devient très difficile pour ces laiteries d’affronter les géants qui peuvent distribuer partout au Québec. »
M. Morisset souligne qu’une étude réalisée au milieu des années 1990 révélait que les entreprises spécialisées dans le lait nature qui étaient les plus performantes transformaient alors au moins 100 millions de litres par an. Il a rappelé que les fromageries créent plus de valeur ajoutée et plus d’emplois que les laiteries. À ses yeux, ces laiteries ne jouent pas un rôle irremplaçable et leur disparition n’est pas irrémédiable, à moins d’être l’un des seuls employeurs locaux.
LES DERNIÈRES LAITERIES RÉGIONALES
- Laiterie Chalifoux (Sorel)
- Laiterie Chagnon (Waterloo)
- Laiterie des Trois Vallées (Mont-Laurier)
- Laiterie Royala (Saint-Joseph-de-Beauce)
- Laiterie de La Baie (La Baie)
- Laiterie de l’Outaouais (Gatineau)
- Nutrinor (Alma)
Quatre producteurs-transformateurs
- Beurrerie du Patrimoine (Compton)
- Fromagerie du Pied-de-Vent (Îles-de-la-Madeleine)
- Fromagerie l’Autre Versant (Hébertville)
- Fromagerie au Pays des Bleuets (Saint-Félicien)